« L’environnement, ça commence à bien faire », avait lâché Nicolas Sarkozy au dernier Salon de l’agriculture. Après le Président de la République qui évoquait il y a plusieurs semaines le besoin d’un « moratoire » des contraintes environnementales en matière agricole, Bruno Le Maire vient de demander une « pause » en matière de règles environnementales. Une volte-face dénoncée par les écologistes.
Il semble loin le temps où le Président de la République affirmait « croire à une agriculture durable », et avoir « l’ambition de mettre la France au premier rang des pays qui construiront une agriculture durable ». Depuis l’échec de Copenhague et l’arrivée de la crise, l’heure n’est plus aux grands v?ux pieux mais aux petites reculades et aux choix électoraux. Bruno Le Maire l’a bien compris.
« Il faudra adapter un certain nombre d’objectifs qui ne sont plus atteignables » a ainsi affirmé le ministre de l’agriculture et de la pêche, lundi dans Ouest-France. Dans la foulée de l’Elysée, Bruno Le Maire a demandé « une pause en matière de règles environnementales » afin de ne pas freiner le redémarrage d’un secteur durement ébranlé par la crise.
Fini les beaux discours
Désolé, personne au gouvernement ne se cache plus derrière son petit doigt. Fini les beaux discours, surtout dans l’agriculture où les agriculteurs voyaient d’un mauvais ?il, les contraintes environnementales de plus en plus prégnantes sur leur quotidien. Il faut dire que les agriculteurs traversent pour la plupart une crise profonde qui fragilise encore un peu plus l’activité de nombreuses exploitations.
Après une baisse de 20 % en 2008, le revenu moyen des agriculteurs a une nouvelle fois reculé de 34 % en 2009. Face à un secteur en crise, l’Elysée comme le ministère de l’agriculture ont décidé de miser sur les agriculteurs plutôt que sur les écologistes qui réclament des mesures plus strictes en matière agricole.
Seule Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’écologie semble vouloir encore croire aux engagements du Grenelle qui sont selon elles « pas négociables », car ils ouvrent la voie d’ «une agriculture moins intensive et moins pollueuse, plus respectueuse de l’environnement et de la santé des consommateurs ». La réalité économique et encore plus électorale devraient avoir raison des dernières illusions gouvernementales en la matière.
Une grave erreur
« On ne peut que dénoncer un double discours » dénonce le WWF. « En justifiant cette « pause » par la crise qui frappe le monde agricole, le président de la République et son ministre de l’Agriculture commettent une grave erreur » affirme Serge Orru, Directeur général de l’ONG en France.
« Est-ce l’obligation d’avoir 1% de particularités topographiques sur une exploitation qui met à mal le revenu des agriculteurs ou bien les coûts de production élevés de l’agriculture intensive qui recourt massivement aux engrais et pesticides ? L’environnement ne doit pas être le bouc-émissaire de la profonde crise structurelle de l’agriculture française » affirme le responsable du WWF.
Du côté de France Nature Environnement, on reste plus mesuré mais on se dit vigilant car les propos de Bruno Le Maire ont « de quoi inquiéter ». Ayant obtenu l’assurance du Directeur de cabinet de Bruno Le Maire que le plan Ecophyto restait une priorité et que tous les moyens devaient être mis en ?uvre pour atteindre ses objectifs, FNE par la voix de Jean-Claude Bévillard « prend note de l’engagement du Ministre à réduire l’usage des pesticides ». « La fédération s’opposera fermement à tout obstacle à sa mise en ?uvre. » souligne la FNE.
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