Au sortir de la réunion du groupe d’experts scientifiques indépendants (SCRS) de l’ICCAT qui s’est tenue la semaine dernière à Madrid, le WWF appelle à la « plus grande précaution » dans la révision des mesures de gestion de la pêcherie du thon rouge d’Atlantique Est et de Méditerranée.
Selon l’ONG pour la biodiversité, la réunion du groupe d’experts scientifiques indépendants (SCRS) de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT) qui s’est déroulée la semaine passée en Espagne, a laissé apparaître des incertitudes scientifiques sur le stock réel des thons en Atlantique, liées à des données « gravement insuffisantes et lacunaires ».
Constatant une situation encore incertaine, le WWF demande la réduction de moitié des captures annuelles, l’arrêt de la pêche à la senne tournante et l’interdiction de pêche dans les zones de frai. Pour l’ONG, ces données scientifiques incomplètes nécessitent la prudence dans l’établissement des quotas
Moins de 6 000 tonnes
Les scientifiques du SCRS invitent les pays membres de l’ICCAT à la plus grande précaution dans l’établissement des quotas de pêche. Pour envisager une récupération du stock de thon rouge en 2022 avec une probabilité d’au moins 60% (objectif convenu par l’ICCAT lors de sa réunion annuelle de 2009 à Recife, au Brésil), le niveau de captures totales annuelles devraient être fixées « entre 0 et le 13 500 tonnes ».
Si on veut sauver l’espèce avec 100% de chances, le total admissible de captures doit être de 6 000 tonnes par an, souligne le WWF. L’ONG insiste sur la nécessité de prendre des mesures qui assureront une très haute probabilité de récupération, c’est-à-dire un total admissible de capture de moins de 6 000 tonnes par an.
« Qui monterait dans un avion qui à seulement 60% de chances d’arriver à destination ? Nous sommes choqués du manque de précaution et de la légèreté avec lesquels les membres de l’ICCAT ont, jusqu’à présent, géré l’espèce.» a déclaré Charles Braine, Responsable du programme pêche durable au WWF-France. Pour les écologistes, seul un quota total annuel de moins de 6 000 tonnes répondrait aussi aux obligations de l’Union européenne.
Dans le cadre de sa Directive cadre « Stratégie pour le milieu marin », l’Union européenne contraint juridiquement les états membres à adopter des mesures de gestion qui permettront aux stocks de poissons de retrouver un état satisfaisant d’ici à 2020. Ceci implique un quota annuel pour la pêche au thon rouge, en Méditerranée et dans l’Atlantique Est, compris entre 0 à 6.000 tonnes, affirme le WWF.
Protéger les zones de frai et arrêter la pêche à la senne
De plus, le WWF exhorte les pays membres de l’ICCAT à interdire l’accès des principales zones de reproduction du thon rouge aux navires de pêche. L’ONG préconise également l’arrêt de la pêche du thon rouge à la senne en Méditerranée, largement responsable, avec les fermes d’engraissement, de la situation actuelle. Ainsi, les parties prenantes de l’ICCAT pourraient enfin permettre la récupération du stock de thon rouge et la sauvegarde de la pêche artisanale.
Commentaires récents