Si la diminution des émissions du gaz carbonique, principal gaz à effet de serre anthropique, représente l’un des défis majeurs de notre planète, valoriser le CO2 comme matière première et source de carbone constitue également un enjeu stratégique. L’Ademe et le ministère de l’Ecologie publient aujourd’hui une étude sur les voies de recherche actuelles en la matière.
Afin de mieux connaître les enjeux liés aux différents domaines d’utilisation du dioxyde de carbone et les atouts de la France dans ce secteur, l’Ademe et le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer publient aujourd’hui un état des lieux des voies de valorisation du CO2 (Etude réalisée par Alcimed, société de conseil et d’aide à la décision spécialisée dans le domaine des sciences de la vie et de la chimie, de décembre 2009 à juin 2010. Cette étude a également été suivie par un comité de pilotage composé d’industriels, d’institutionnels, d’instituts techniques et de centres de recherche).
Diminuer les émissions de gaz carbonique, principal gaz à effet de serre anthropique, constitue l’un des défis majeurs du 21ème siècle. En complément des économies d’énergie, du développement des énergies non carbonées et du stockage géologique du CO2, il est envisageable de valoriser le CO2 comme matière première ce qui évite de l’émettre dans l’atmosphère comme polluant.
Opportunité économique
L’enjeu principal consiste à faire de cette molécule une opportunité économique à travers de nouvelles applications, tout en s’assurant de son impact positif sur l’environnement. L’utilisation du CO2comme matière première et comme source de carbone, pourrait ainsi contribuer, via le développement d’une carbochimie, au basculement de notre société vers un modèle moins dépendant des énergies fossiles.
La valorisation du CO2 permettrait alors d’apporter des solutions de substitution aux produits issus de la pétrochimie, ouvrant ainsi l’opportunité de développer une chimie « verte » à partir de CO2. La valorisation du CO2 fait partie des thèmes de réflexion du Ministère du Développement durable, dans le cadre des travaux sur le développement industriel des filières stratégiques de l’économie verte.
Si aujourd’hui, une faible quantité (0,5%) des émissions de CO2 issues des activités humaine est valorisée au niveau mondial, certains experts estiment que la valorisation du CO2 pourrait à terme absorber annuellement jusqu’à 5 à 10% des émissions mondiales, qui représentent environ 30 milliards de tonnes par an, pour la production de combustibles et de produits chimiques. Le rapport commandé par l’Ademe et le Ministère du Développement durable a pour ambition de dresser un panorama des voies de valorisation du CO2 et d’étudier les atouts et les opportunités de la France dans ce domaine.
12 voies de valorisation
En la matière, l’étude révèle « des niveaux de maturité variables mais un enjeu économique commun ». Le document de travail a identifié 12 voies de valorisation divisées en 3 groupes liés à la manière d’utiliser le CO2, sans transformation, par réaction chimique et par l’intermédiaire de la photosynthèse au sein d’organismes biologiques.
Concrètement, sans transformation, le CO2 est utilisé pour ses propriétés physiques comme solvant ou réfrigérant par exemple. Par réaction chimique avec un autre composant fortement réactif, le CO2 peut mener à la synthèse d’un produit chimique de base ou d’un produit à valeur énergétique. Enfin, par l’intermédiaire de la photosynthèse au sein d’organismes biologiques, tels que les micro-algues, le CO2 peut alors être utilisé pour synthétiser des produits (glucides, lipides et composés cellulosiques)
Selon l’étude, la France dispose d’atouts majeurs aussi bien en termes de compétences qu’en termes de ressources naturelles territoriales. La valorisation du CO2 se positionne donc comme une filière complémentaire du captage et stockage de CO2 et représente plusieurs opportunités de développement, affirme l’Ademe.
Atouts territoriaux, industriels et académiques
Selon les voies et ses attraits territoriaux, l’étude souligne que la France peut envisager le développement de filières nationales ou l’export de son savoir-faire. Les particularités du territoire français permettent le développement d’une grande partie des voies de valorisation caractérisées dans l’étude. Les émissions de CO2 concentrées étant plus localement émises sur les bassins industriels, il est intéressant de faire coïncider une zone émettrice et une zone naturellement disposée à la valorisation du CO2.
Enfin, la France dispose de groupes d’industriels de dimension internationale et de laboratoires de recherche compétents dans le domaine. Alors que les prémices d’une économie du CO2 sont observées en Europe et dans le monde, la valorisation du CO2, conjointement à l’implication de la France dans le développement des technologies de captage et de stockage du CO2, pourrait constituer une opportunité de construire en France une filière plus large dédiée au CO2 et un tissu industriel pluridisciplinaire.
L’Ademe souligne que cette étude apportera des informations et des pistes de réflexion importantes dans le cadre de la démarche sur le développement industriel des « filières vertes » lancée par le ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer.
Pour en savoir + : Consulter l’étude coomplète
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