Pierre Gadonneix en rêvait, Henri Proglio le fait. Après deux augmentations successives en 2010, EDF devrait une nouvelle fois augmenter ses tarifs de 3 à 4% début 2011, portant la hausse des tarifs d’électricité jusqu’à 7% en seulement 6 mois, en pleine crise économique et sociale.
Déjà fragilisé, l’ancien patron d’EDF, Pierre Gadonneix, avait lancé une pierre dans la mare en réclamant en 2009 une hausse des tarifs de 20% en 3 ans. Tancé par l’Elysée, il avait été remplacé par Henri Proglio qui n’avait pas tardé à demander à son tour, mais plus officieusement une forte augmentation des prix de l’électricien national. Le mouvement est désormais en cours, et ne devrait pas s’arrêter de si tôt, au point de mettre à mal, les avantages économiques pour les particuliers comme pour les entreprises de la politique énergétique du modèle français.
Officiellement, il s’agit pour EDF de compenser les charges liées au développement des énergies renouvelables. Officieusement, il s’agit également de combler une dette exorbitante de 25 milliards d’euros, de compenser les conséquences du projet de loi Nome, et de renflouer les caisses d’un groupe qui a perdu beaucoup d’argent à l’international, alors même qu’EDF est confronté à la maintenance et au renouvellement de son parc de centrales nucléaires.
Changement de pied de l’Elysée
Il y a seulement un an, Jean-Louis Borloo expliquait que les prix pratiqués en France étaient inférieurs de 15 à 30 % aux prix pratiqués chez nos voisins européens, grâce à la compétitivité du parc électronucléaire. A cette époque, la compétitivité du parc de production électrique français, au bénéfice des consommateurs et de notre industrie, était encore une priorité stratégique du gouvernement et de l’Elysée. Visiblement, les choses ont changé.
Après avoir progressé de 3,4% en août dernier, les tarifs pourraient augmenter de 3 à 4% début 2011, soit une augmentation record de 6 à 7% en 6 mois, souligne Les Echos qui révèle cette information, déjà dans les tuyaux depuis plusieurs semaines. Si l’électricien français et le gouvernement avaient justifié cet été l’augmentation estival en raison des coûts générés par un parc nucléaire vieillissant, faisant fi au passage des provisions comptables opérées en principe par le groupe, Il s’agit aujourd’hui de compenser l’essor des énergies vertes en France.
L’augmentation à venir se justifierait par le boom des filières éolienne et solaire financées en partie grâce au dispositif de la contribution au service public de l’électricité (CSPE) qu’il s’agirait d’augmenter. Car sur le terrain, c’est une réalité, la croissance de ces énergies dans l’hexagone est fortement subventionnée et portée à bout de bras par les tarifs élevés de rachat par EDF, de l’électricité produite par ces nouvelles énergies. Ce surcoût vert à la charge d’EDF devrait atteindre 1,6 milliard d’euros à en croire l’électricien national.
Hausse de la CSPE
Alors que la Commission de régulation de l’énergie milite depuis longtemps pour une revalorisation de cette CSPE, le gouvernement restait pour l’instant sourd à ses demandes. Ce n’est plus le cas. La majorité vient en effet d’accepter l’amendement de Michel Diefenbacher, député UMP du Lot-et-Garonne, qui prévoit en l’absence de décision gouvernementale prise avant le 31 décembre prochain, la possibilité pour la CRE de relever elle-même au 1er janvier la CSPE de 3 euros par mégawattheure.
Fixée actuellement à 4,50 euros par mégawattheure, cette CSPE pourrait ainsi passer à 7,50 euros par mégawattheure dès janvier, soit une augmentation de 67 %, et tripler en trois ans, souligne Les Echos.
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