Avec l’abandon progressif des ampoules à incandescence et la généralisation des lampes basse consommation, les diodes électroluminescentes (LED) se généralisent. Une tendance qui inquiète l’Anses qui recommande d’encadrer l’utilisation de ces lampes bleues, potentiellement dangereuses pour les enfants.
On va finir par regretter nos bonnes vieilles ampoules à incandescence. Sources d’éclairage en plein développement technologique et économique, les diodes électroluminescentes (LED) sont aujourd’hui montrées du doigt par l’agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), qui vient de publier les résultats d’une expertise inquiétante sur certains risques sanitaires liés à son utilisation.
Utilisées depuis de nombreuses années dans l’électronique comme sources de lumières faibles et monochromatiques, comme témoins lumineux par exemple, puis dans les feux de signalisation, les LED trouvent aujourd’hui leur place dans des systèmes d’éclairage à part entière : éclairage portatif, feux de véhicules, éclairages domestiques d’ambiance, rappelle l’Anses.
Les premières LED blanches sont progressivement apparues sur le marché depuis la fin des années 90 et proposent maintenant des « intensités lumineuses » de plus en plus élevées (associées à des puissances de quelques watts à quelques dizaines de watts). Il existe actuellement trois méthodes pour réaliser une diode électroluminescente émettant de la lumière blanche mais le procédé le plus répandu et le plus rentable économiquement aujourd’hui est celui qui couple une LED bleue à un phosphore jaune, le procédé précisément mis en cause par l’expertise de l’Anses.
Eclairage public et lieux de travail
C’est sur proposition de son Comité d’Experts Spécialisés (CES) « Agents Physiques, Nouvelles Technologies et Grands Aménagements », et après validation par son conseil scientifique, que l’agence français a engagé une auto-saisine sur la question des impacts sanitaires liés à l’usage des systèmes d’éclairage par LED. Suivant les principes de l’expertise collective, après avis du CES, l’Anses e a mandaté un groupe de travail pour réaliser l’expertise demandée tant sur l’éclairage public que sur l’éclairage sur les lieux de travail.
Les risques identifiés comme les plus préoccupants par le groupe de travail de l’Anses, « tant par la gravité des dangers associés, que par la probabilité d’occurrence dans le cadre d’une généralisation de l’emploi des LED », sont liés aux effets photochimiques de la lumière bleue et à l’éblouissement. Ces risques résultent selon l’Anses du déséquilibre spectral des LED (forte proportion de lumière bleue dans les LED blanches) ; mais aussi aux très fortes luminances des LED (fortes densités surfaciques d’intensité lumineuse émises par ces sources de taille très faible).
L’Anses explique que « le risque d’effet photochimique est associé à la lumière bleue et son niveau dépend de la dose cumulée de lumière bleue à laquelle la personne a été exposée ». Il résulte généralement d’expositions peu intenses répétées sur de longues durées. Le niveau de preuve associé à ce risque est important souligne l’agence. Des populations plus particulièrement sensibles au risque ou particulièrement exposées à la lumière bleue ont été identifiées, comme les enfants, les personnes atteintes de certaines maladies oculaires ou encore certaines populations de professionnels soumis à des éclairages de forte intensité.
Restreindre la commercialisation des LED
Les mesures de luminance effectuées font apparaître que « certaines LED accessibles à l’achat pour le grand public et potentiellement utilisées en éclairage domestique, pour des applications de signalisation et de balisage, appartiennent à des groupes de risque plus élevés que ceux des éclairages traditionnels » souligne les experts. Par ailleurs, l’Anses considère que la norme NF EN 62 471 n’est « pas tout à fait adaptée » à des éclairages utilisant des LED (valeurs limites d’exposition non adaptées, protocoles de mesures ambigus, certains populations sensibles ne sont pas prises en compte).
Pour l’Anses, « il est nécessaire de restreindre la mise sur le marché « grand public » des systèmes d’éclairage à LED pour n’autoriser que des LED ne présentant pas plus de risques liés à la lumière bleue que les éclairages traditionnels ». Par ailleurs, l’Anses recommande d’adapter la norme NF EN 62 471 relative à la sécurité photobiologique des lampes aux spécificités des LED et de prendre en compte les populations sensibles et les personnes particulièrement exposées (certaines populations de travailleurs : installateurs éclairagistes, métiers du spectacle, etc.).
L’Anses recommande également que les normes relatives au confort et à l’ergonomie visuelle soient respectées sur les lieux de travail et dans les foyers. Dans ce sens, l’Anses recommande de diminuer les luminances des LED, notamment par des dispositifs optiques ou des luminaires adaptés, pour limiter les risques d’éblouissement. Afin de mieux informer le consommateur, l’Anses recommande également que l’étiquetage informatif des systèmes d’éclairage présente clairement des informations concernant la qualité de la lumière et le niveau de sécurité photobiologique selon la norme NF EN 62 471.
Date butoir de 2016
Pour rappel, la directive européenne EuP (2005/32/CE) pour l’éco-conception prévoit l’amélioration des performances énergétiques pour des produits courants comme l’éclairage électrique. Elle conduira ainsi à la fin progressive de la commercialisation des lampes les plus énergétiques, comme les ampoules à incandescence, entre 2009 et 2016.
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