Après plusieurs jours d’intenses négociations, le groupe français vient d’officialiser hier sa rupture avec Constellation Energy, annonçant être parvenus à « un accord global qui réorganise le partenariat entre les deux groupes ». Si à court terme, cet accord est une bonne nouvelle, à moyen et long terme, l’ambition nucléaire d’EDF sur le marché américain est au mieux reportée, au pire très écornée.
Selon les termes de l’accord, EDF annonce qu’il va acquérir la participation de 50% de Constellation dans UniStar pour 140 millions de dollars. Une fois la transaction effective, EDF deviendra l’unique actionnaire d’UniStar. Constellation procèdera au transfert à UniStar des sites nucléaires potentiels de Nine Mile Point et R.E. Ginna dans l’état de New York.
EDF précise que les deux sites nucléaires concernés viendront en complément du site de Calvert Cliffs 3 et d’un quatrième site potentiel à Calvert Cliffs dont UniStar est déjà propriétaire. A la suite de la cession de sa participation, Constellation se désengagera désormais du développement et du financement du projet Calvert Cliffs 3.
Catastrophe financière évitée
L’accord prévoit également qu’EDF procèdera au transfert à Constellation de 3,5 millions d’actions Constellation qu’il détient et renoncera à son poste d’administrateur au Conseil d’administration de Constellation. L’accord de « standstill » existant entre les deux groupes prendra fin. Constellation renoncera aux droits relatifs à son option de vente existante et, en conséquence, ne vendra aucune de ses centrales thermiques à EDF. La structure actionnariale actuelle de Constellation Energy Nuclear Group (« CENG) reste inchangée avec Constellation, actionnaire à hauteur de 50,01% et son partenaire EDF à hauteur de 49,99%.
Le contrat d’achat d’électricité ou Purchasing Power Agreement (« PPA ») entre CENG et Constellation d’une part et de l’autre, entre CENG et EDF, sera modifié en un système adossant la fourniture d’électricité aux unités de production (« unit contingent ») jusqu’à leur terme en 2014. Par ailleurs, des modifications seront apportées aux couvertures mensuelles à venir. Les couvertures préexistantes dans le cadre du PPA seront maintenues en l’état comme des ventes fermes à Constellation et EDF à un prix déterminé.
Par cet accord conclu dans la nuit de mardi à mercredi, Constellation renonce officiellement à céder ses centrales thermiques par une option qui aurait pu se révéler très couteuse pour EDF. « Nous gommons ainsi toute menace de moins-value », confirme Thomas Piquemal, le directeur financier d’EDF.
Conjoncture défavorable
La catastrophe financière évitée, EDF se retrouve à la case départ sur le marché du nucléaire américain. Désormais sans partenaire américain, le groupe français va devoir sceller très vite une nouvelle coopération aux Etats-Unis pour espérer exister sur ce marché dont la relance espérée s’écrit de plus en plus en pointillé.
Porteur il y a encore peu de temps, la conjoncture politique américaine semble en effet moins favorable à la relance du nucléaire aux Etats-Unis. La victoire probable d’une majorité de républicains à la Chambre des représentants après les élections de la semaine prochaine pourrait bien enterrer le vote d’une taxe sur les émissions de carbone, un arsenal législatif indispensable pour relancer le nucléaire aux USA, qui fait aujourd’hui la part belle aux centrales thermiques traditionnelles.
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