La conférence de Nagoya qui réunissait au Japon les principaux responsables mondiaux autour de la question de la biodiversité s’est soldée par un accord jugé historique par Chantal Jouanno, représentante française de cette rencontre. Un an après l’échec de Copenhague, et à quelques semaines de la conférence de Cancun sur le climat, ce succès donne un nouvel élan aux négociations internationales dans le domaine de l’environnement.
Pour la secrétaire d’Etat à l’Environnement, représentante du gouvernement français à Nagoya, l’accord conclut à l’issue des débats est juste et équitable pour la répartition des avantages tirés des ressources génétiques.
L’accord qui intervient après 8 années de négociations pointilleuses, va donc permettre dans un premier temps d’assurer l’accès aux ressources génétiques et le partage des avantages issus de leur utilisation. Plantes ou animaux fournissent des produits ou des molécules à de nombreux secteurs économiques (pharmacie, cosmétiques,?), il était juste de rendre une partie des revenus aux pays ayant conservé cette biodiversité tout en sécurisant l’accès pour les entreprises qui se voient proposer des règles simples d’accès. Il s’agit de la dernière disposition de la convention signée à Rio en 1992 qui n’était pas encore en vigueur.
Fortement souhaité par la France ainsi que par les pays en développement, il permettra de lutter contre la « biopiraterie ». La France a un statut particulier tout à la fois fournisseur de ressources génétiques, notamment grâce à la richesse de ses territoires d’outre-mer, et utilisateur dans le cadre notamment des activités des industries cosmétiques ou pharmaceutique. A cette occasion, Chantal Jouanno a annoncé que la France apporterait une contribution de 1 million d’euros à l’initiative africaine créant un fonds multilatéral soutenant la mise en oeuvre de ce protocole.
20 objectifs approuvés
L’accord conclu à Nagoya permettra également de contribuer à stopper la perte de biodiversité mondiale grâce à l’adoption d’un plan stratégique 2011-2020, détaillé et quantifié. Aussi ce ne sont pas moins de 20 objectifs à la fois ambitieux et réalistes qui ont été approuvés par les 120 ministres et chefs de délégation présents à Nagoya. Citons notamment la suppression en 2020 des subventions dommageables à la biodiversité ou la création d’un réseau d’espaces protégés de 17% de la surface terrestre et de 10% de la surface marine. En complément de cette stratégie, ont été adoptés de nombreux programmes portant notamment sur la préservation du milieu marin, la forêt, le lien entre la diversité biologique et le changement climatique, ainsi que des mesures d’incitation économiques pour préserver la biodiversité.
Enfin, les participants sont tombés d’accord pour mobiliser les ressources financières permettant la mise en oeuvre de cette stratégie. Dans ce cadre, Chantal Jouanno a annoncé, au nom du Président de la République, l’intention de la France de porter à 10% le taux de l’aide publique au développement consacrée à la biodiversité dans les pays en développement, conformément aux engagements du Grenelle environnement. Cette aide publique au développement dans le domaine de la biodiversité sera ainsi doublée d’ici la fin 2012, puis augmentée progressivement pour atteindre 500 millions d’euros par an de financements globaux pour la biodiversité dès 2014. D’ici 2020, la France aura ainsi consacré 4 milliards d’euros à la préservation de la biodiversité mondiale qui est un des piliers du développement et de la santé humaine comme l’avait souligné à New- York le mois dernier le sommet sur les objectifs du millénaire pour le développement.
Urgence pour l’IPBES
Par ailleurs, la conférence a adopté une décision invitant l’assemblée générale des Nations Unies à créer au plus vite l’IPBES, le GIEC de la biodiversité, dont la France a été à l’origine en 2005. Cette plateforme doit éclairer scientifiquement les grands choix mondiaux en termes de conservation.
Les résultats historiques de cette conférence de Nagoya donneront aussi une impulsion à la révision de la Stratégie Nationale de la Biodiversité qui est l’instrument national de mise en oeuvre des objectifs de la Convention sur la Diversité Biologique.
Pour la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, « la conférence de Nagoya est historique. Les Etats ont fait la démonstration qu’ils étaient capables de faire un pas les uns vers les autres, un pas pour conclure. Un pas pour redonner espoir dans la communauté internationale. Un pas pour redonner du souffle à l’environnement et un grand pas pour la préservation de la biodiversité. C’est ainsi que nous écrirons un nouveau modèle de développement« .
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