Revenue à ses premières amours à l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet vient de s’engager mardi à faire adopter, d’ici 6 mois, un Plan d’adaptation au changement climatique pour le pays. Des « mesures concrètes, opérationnelles et chiffrées » devront être « immédiatement mises en ?uvre » annonce la nouvelle ministre.
Dans six mois, la France aura son plan d’adaptation au changement climatique en fonction des scénarios qui seront remis au gouvernement par Jean Jouzel le mois prochain, glaciologue français vice-président du GIEC. Si pour les écologistes de France Nature Environnement, on est ici surtout dans « l’incantation », Benoît Hartmann, porte-parole de la fédération d’associations FNE soulignant que ce Plan se heurtera à « un problème de moyens ».
Animée par l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) à la manière du Grenelle de l’environnement, la consultation lancée avait abouti le 15 juin dernier, à un rapport comprenant 202 recommandations qui s’intéressent à la question de l’impact du changement climatique en matière de ressources en eau, d’agriculture, de santé, de biodiversité, d’urbanisme, de risques naturels ou d’infrastructures. Outre le réunionnais Paul Vergès, président de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique, ont également participé activement à la rédaction de ce rapport au sein des trois groupes de travail, Michel Havard, député du Rhône, Jean Jouzel, climatologue et membre du GIEC, et Martial Saddier, député de Haute Savoie qui se sont félicités que les recommandations des groupes de travail fassent l’objet d’ « un consensus global dans les régions comme auprès du public », précise le ministère de l’avenue de Ségur.
+0,8 à 1,8°C d’ici 40 ans
Au ministère de l’Ecologie, on se réjouit qu’aucune recommandation n’ait été remise en cause. Pour Jean Jouzel, malgré tous les efforts entrepris pour réduire les émissions de CO2, « on sait que le réchauffement est inéluctable, et que le climat en France dans les années qui viennent sera très différent de ce qu’a connu notre génération » prévient le célèbre climatologue Jean Jouzel. Selon les estimations, le réchauffement attendu en France devrait être compris entre 0,8°C et 1,8°C à horizon 2050 et 1,5°C à 4,1°C en 2100.
Si ces chiffres bruts ne sont pas forcément évocateurs pour tout à chacun, ils auront pourtant des conséquences très concrètes sur le niveau de la mer, la pluviométrie, ou encore la biodiversité. C’est justement Jean Jouzel qui devrait remettre au ministère courant décembre, les différents scénarios envisageables afin d’anticiper l’impact de ce changement climatique.
Et c’est là que le bas blesse reconnaît le scientifique breton. En effet, si Jean Jouzel affirme qu’« on ne peut s’adapter que si l’on sait où l’on va », il admet qu’il est difficile de prévoir de manière précise les variations climatiques, surtout au plan local, à l’échelle d’une région, d’une ville ou d’une île. « Les incertitudes sont grandes » prévient le vice-président du GIEC.
« Faire entrer l’adaptation dans toutes nos décisions publiques »
Malgré ces difficultés « construire une infrastructure sans se poser la question de savoir ce que le réchauffement va y changer dans vingt ans, ce n’est plus possible », affirme Nathalie Kosciusko-Morizet. « Adaptation et réduction des émissions sont deux sujets complémentaires et liés, il nous faut agir sur les deux dimensions » a précisé NKM. « Le premier enjeu de ce plan national, c’est de faire entrer la problématique d’adaptation dans toutes nos décisions publiques », a conclu la ministre.
Promettant la finalisation de ce Plan très ambitieux pour le 1er trimestre 2011, NKM annonce déjà que la France devrait être l’ « un des premiers pays à avoir élaboré un plan d’adaptation ».
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