Dans les années 2000, l’affaire de la dioxine, liée à la découverte d’une pollution sans précédent aux abords de l’incinérateur de Gilly-sur-Isère, avait été considérée comme la pollution la plus grave d’Europe depuis 1976. C’est aujourd’hui que ce scandale écologique est présenté devant le tribunal d’Albertville, dans une version minimaliste…
En octobre 2001, des taux de dioxine plus de 700 fois supérieurs à la normale autorisée avaient été découverts aux abords de l’incinérateur de déchets de Gilly-sur-Isère. La fermeture administrative de l’incinérateur qui traitait les ordures ménagères des communes alentours, mais aussi des stations de ski environnantes, avait alors été décidée et des mesures de prévention avaient immédiatement été mis en place.
Suite à cette pollution à la dioxine, par mesure de prévention, plus de 7 000 bêtes des fermes alentours avaient été abattues et deux millions de litres de lait, ainsi que 24 tonnes de produits laitiers, avaient été détruits afin d’éviter toute contamination humaine. Polluants très cancérigènes, les dioxines s’accumulent dans la chaîne alimentaire, principalement dans les graisses animales. L’essentiel de l’exposition humaine aux dioxines passe par l’alimentation, dans la viande, mais aussi les produits laitiers, les poissons ou encore les fruits de mer.
Pas de relation entre cancers et dioxine
Après avoir constaté une forte augmentation des cas de cancers dans la région, près de 200 riverains de l’incinérateur avaient déposé une plainte devant le tribunal d’Albertville, plainte qui avait conduit à l’ouverture d’une information judiciaire pour « homicide involontaire et mise en danger de la vie d’autrui« . Dans le cadre de cette instruction, la juge en charge du dossier avait entendu comme témoins trois anciens ministres de l’Environnement : le savoyard Michel Barnier, Corinne Lepage, et Dominique Voynet.
Mais, au terme de l’instruction, aucun lien de causalité n’avait pu être mis à jour entre les rejets de dioxine de l’incinérateur et les cancers. Une étude avait même conclu à l’époque à l’absence d’une augmentation significative des cas de cancers dans la région. ?Dans l’état actuel de la science, rien ne permet d’établir une relation certaine entre dioxine et cancer,? estimaient alors les experts médicaux.
Novergie devant les juges
S’ouvre alors aujourd’hui à Albertville le procès au pénal de Novergie Centre-Est, filiale de Suez Environnement, jugée en tant que personne morale pour « non respect des normes environnementales ». Déboutés de l’affaire, les riverains ne seront donc représentés aujourd’hui que par des représentants de six associations et syndicats. Corinne Lepage et Dominique Voynet y seront toutefois entendues comme témoins. Un bien petit procès pour un bien gros scandale.
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