Entre les belles promesses et la réalité économique, il y a toujours un gouffre. Deux ans après les engagements pris par l’industrie agroalimentaire de modérer son marketing à destination des enfants, l’UFC-Que Choisir révèle une situation toujours aussi préoccupante, dans laquelle les enfants sont les victimes d’un véritable « harcèlement nutritionnel ».
L’association de consommateurs vient de publier les résultats qualifiés d’« alarmants » d’une étude qui souligne que les produits gras et sucrés sont plus que jamais présents dans les écrans publicitaires et par conséquent au c?ur des habitudes alimentaires des jeunes consommateurs. Pire, pour l’UFC-Que Choisir, depuis 2006, date de sa première enquête, le harcèlement nutritionnel des enfants s’est aggravé.
Selon l’étude de l’association, les publicités pour les produits gras et sucrés constituent encore l’essentiel (80 %) des publicités alimentaires diffusées durant les programmes pour enfants, même si leur nombre a diminué. Mais, aussi et surtout, 93 % de ces publicités figurent désormais durant les écrans « tous publics », regardés par un nombre d’enfants encore plus important que ceux des programmes pour enfants (75 % d’audience supplémentaire).
Alimentation de plus en plus grasse et sucrée
Plus concrètement, l’étude affirme qu’entre 6h00 et 21h00, un jeune regardant la télévision ne peut échapper au matraquage promotionnel de produits déséquilibrés puisque 4 publicités alimentaires destinées aux enfants sur 5 portent sur des produits trop gras ou sucrés. Pour l’UFC-Que Choisir, le résultat de ce « torrent publicitaire » est sans appel : « l’alimentation déséquilibrée inonde, aujourd’hui plus qu’hier, les placards et les cartables ».
Et ce flot de publicités grasses et sucrées se traduit directement dans le contenu des placards et des réfrigérateurs. Ainsi, la proportion de produits gras et sucrés consommés pour le petit déjeuner progresse de 17 %, par rapport à 2006, et représente désormais 55 % de l’ensemble des produits relevés, celles consommées pour le goûter augmente de 25 % pour atteindre 64 %. Et il ressort de cette étude que les 26 % d’enfants qui ont l’alimentation la plus déséquilibrée, sont aussi ceux qui regardent le plus les publicités souligne l’association.
Par ailleurs, à l’école, dans le cadre d’une action pédagogique sur la nutrition, les associations locales de l’UFC-Que Choisir ont constaté que 76 % des aliments amenés à l’école par les enfants sont trop riches en sucre ou matières grasses. Ces en-cas sans intérêt nutritionnel se composent principalement de confiseries (33 %), de viennoiseries et de gâteaux (24 %), ainsi que de biscuits gras ou sucrés (16 %) promus à la télévision.
Echec de l’autorégulation
« Ce constat criant de l’échec de l’autorégulation est d’autant plus alarmant que l’obésité et le diabète ont continué à augmenter en France, et que les annonces officielles successives de mesures strictes n’ont jamais été suivies d’effet » s’indigne l’association de consommateurs. Alors que la Loi de Santé Publique prévue pour 2009 se fait toujours attendre, l’UFC-Que Choisir demande aujourd’hui au nouveau ministre de la Santé, Xavier Bertrand, de présenter au plus vite un projet de Loi plus contraignant pour les professionnels de l’agroalimentaire.
L’association réclame notamment l’encadrement strict des publicités télévisées pour les produits les plus gras ou sucrés aux heures de grande écoute des enfants, la validation par le Programme National Nutrition Santé de programmes télévisés informatifs, afin d’aider les parents à identifier l’intérêt nutritionnel des produits alimentaires transformés. Enfin, l’UFC-Que Choisir demande la gratuité de diffusion pour les communications sur l’équilibre nutritionnel émanant de l’Institut National pour la Prévention et l’Education Sanitaire.
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