Mieux vaut boire quotidiennement quelques verres de vin, que 15 bières à la volée sur un coin de bar, le samedi soir. Telle pourrait être la conclusion d’une étude de l’Inserm qui révèle les dangers accrues pour la santé d’une consommation d’alcool occasionnelle mais excessive et rapide. Les buveurs du samedi sont particulièrement visés.
Environ 10 % des maladies cardiovasculaires seraient imputables à l’alcool à travers le monde. A ce titre, les scientifiques essaient d’établir des seuils de consommation tolérables. Une étude menée sur près de 10 000 consommateurs en France et en Irlande conclut pourtant que la manière de boire aurait davantage d’impact sur le système cardiovasculaire que la quantité d’alcool consommée. Les soirées arrosées du week-end doublent ainsi le risque d’infarctus du myocarde par rapport à la même quantité d’alcool consommée tout au long de la semaine.
Une équipe de l’unité Inserm 558 à Toulouse a étudié la consommation d’alcool dans deux pays présentant des incidences d’infarctus du myocarde allant du simple au double : la France (Lille, Strasbourg et Toulouse) et l’Irlande (Belfast). Au total, 9778 hommes âgés de 50 à 59 ans ont été recrutés et suivis pendant 10 ans. Les femmes ont été volontairement écartées puisque les accidents cardiovasculaires surviennent plus tard chez elles.
Modes de consommation opposés
Les résultats montrent que les habitudes de consommation sont très différentes entre les deux pays. A Belfast, les hommes boivent surtout le week-end de façon excessive alors que les Français répartissent leur consommation tout au long de la semaine. En moyenne, un Irlandais consomme par exemple 91 g d’alcool le samedi soir, soit l’équivalent d’environ 10 boissons, contre 41 g pour un Français. En revanche, ils ne sont que 12 % à boire tous les jours contre 75 % des Français. Mais au final, les quantités d’alcool consommées dans les deux pays sont à peu près équivalentes et représentent en moyenne deux à trois verres par jour.
Ainsi l’Inserm rappelle que 90,6 % des Français boivent de l’alcool au moins une fois par semaine, et seulement 60,5 % des Irlandais. Et la différence se traduit également dans les boissons consommées. Ainsi, 92 % des buveurs français consomment du vin contre 27 % des Irlandais, plus enclins à la bière.
S’agissant des chiffres des personnes abstinentes vis-à-vis de l’alcool, ils sont 9,4 % en France (dont 69,7 % ont cessé de boire au cours de leur vie) contre 39,5 % en Irlande (dont 46,1 % ont cessé de boire au cours de leur vie). A l’inverse, 90,1 % des Français (équivalent à 36,4 g/j) seraient des consommateurs réguliers buvant au moins une fois par semaine moins de 50 g par prise (soit moins de 5 boissons alcoolisées) contre 51,1 % des Irlandais (équivalent à 40,2 g/j)
Chez les buveurs du week-end, ils seraient seulement 0,5 % en France (équivalent à 10 g/j) à boire plus de 50 g d’alcool en une seule fois au moins une fois par semaine (soit plus de 5 boissons alcoolisées), le plus souvent le vendredi ou le samedi soir, contre 9,4 % en Irlande (équivalent à 17,5 g/j). Et c’est précisément dans cette population que les risques cardiovasculaires sont accrus.
Risque d’infarctus doublé chez les buveurs du week-end
Pendant les 10 ans de suivi, 5,63 Irlandais sur 1 000 ont eu un infarctus du myocarde en moyenne chaque année, contre 2,78 Français. Après avoir tenu compte de plusieurs facteurs de risque cardiovasculaires comme le niveau d’activité physique, la consommation de tabac, la pression artérielle, le diabète ou encore la dyslipidémie, les auteurs ont constaté que le risque d’infarctus du myocarde était doublé chez les buveurs du week-end par rapport aux buveurs réguliers, quelle que soit la quantité d’alcool consommée. A l’inverse, les buveurs réguliers en Irlande présentaient le même risque d’infarctus du myocarde que les Français.
« Ces travaux alertent sur les risques d’une consommation occasionnelle mais excessive d’alcool, concentrée sur le week-end », explique Jean Ferrières, chercheur à l’Inserm. « Ce mode de consommation est assez typique des pays d’Europe du Nord mais il gagne du terrain chez les jeunes dans l’hexagone. Si ces nouvelles habitudes de consommation s’installent dans le temps, il est à craindre une recrudescence d’infarctus du myocarde dans les années à venir » prévient l’auteur de l’étude.
Commentaires récents