Le delta du Niger est au c?ur d’une gigantesque marée noire quotidienne et silencieuse qui dépasserait largement les dégâts de la récente marée noire du Golfe du Mexique. Rien que selon les chiffres des autorités nigérianes, cette région aurait déjà enregistré environ 3 700 fuites de pétrole, polluant en profondeur le littoral, et détruisant la pêche locale.
Depuis une cinquantaine d’année, le pétrole brut exploité dans le delta du Niger par des multinationales comme Shell se déverse librement et massivement dans cette région. Conséquence d’une surexploitation pétrolière incontrôlée, cette pollution a été estimée à 1,5 million de tonnes de brut sur cette période, issue de fuites de plateformes offshore en service ou abandonnées.
Suite à la rupture d’un oléoduc d’ExxonMobil le 1er mai 2010, 4 millions de litres de brut ont été déversés dans le delta du Niger pendant une semaine avant que la fuite soit colmatée. Cette pollution a déversé d’épaisses galettes de pétrole le long des côtes, générant des dégâts majeurs pour des habitants de côtes touchées, déjà sans ressource. Un accident parmi des dizaines d’autres qui enfoncent chaque jour encore un peu plus une population qui ne profite pas de cette faramineuse richesse, mais qui doit la subir quotidiennement.
Près de 10 000 marées noires
En 2009, Amnesty International avait estimé ces fuites à l’équivalent d’au moins 9 millions de barils. De leurs côtés, les autorités nigérianes ont recensé officiellement plus de 7 000 marées noires entre 1970 et 2000, et 2 000 grands sites de pollution. Certaines ONG estiment que le delta du Niger est victime d’environ 300 marées noires chaque année. Au total, la région aurait pu déjà subir près de 10 000 marées noires depuis le début de l’exploitation pétrolière et gazière.
Premier producteur africain de pétrole avec plusieurs millions de barils par jour, le Nigeria dispose d’une ressource d’or noir importante et de très bonne qualité. Mais le pays regorge également de gaz naturel dont une partie importante est allègrement brûlée dans l’air. On estime que près de 70 millions de m3 de gaz naturel seraient brûlés à l’air libre par jour dans cette région, représentant une source majeure d’émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
Plusieurs ONG internationales se mobilisent depuis plusieurs années pour dénoncer cette pollution majeure dans cette région, sans pour l’heure obtenir de résultats marquants.
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