L’IRSN a publié hier son rapport annuel de synthèse qui apporte des éléments d’appréciation « à froid » de l’évolution de la sûreté des centrales EDF. Ce rapport résume, avec un souci de pédagogie et d’explicitation des enjeux de sûreté, les conclusions des analyses techniques que l’IRSN conduit de manière permanente au sujet de l’état de sûreté des centrales nucléaires françaises.
Dans son rapport, l’IRSN constate donc que l’année 2009 a montré à nouveau, malgré les efforts de prévention réalisés, une très forte prépondérance du « facteur humain » (85%) à l’origine des incidents significatifs, la plupart sans conséquences notables. La complexification et la constante évolution des installations et des règles d’exploitation, ainsi que les contraintes organisationnelles fortes qui pèsent sur le personnel d’exploitation, notamment lors des chantiers associés aux « arrêts de tranche », sont des facteurs identifiés de contribution aux évènements de sûreté ou de radioprotection survenant dans les centrales nucléaires.
Par ailleurs, il y a lieu de souligner que des progrès continuent d’être enregistrés en matière de radioprotection, avec une poursuite de la baisse de la dosimétrie individuelle ; toutefois, plusieurs incidents notables sont survenus, particulièrement lors d’opérations classiques de radiographie industrielle effectuées sur les chantiers de maintenance. En d’autres circonstances, de tels incidents auraient pu avoir de graves conséquences en termes d’irradiation accidentelle d’intervenants.
Une évaluation globale de la sureté du parc
Parmi les incidents de sûreté notables, le rapport présente en particulier l’incident de perte de la « source froide » d’une tranche du site de Cruas, dû à l’obstruction soudaine de la prise d’eau alimentant le circuit de refroidissement des systèmes de sécurité du réacteur par une masse de végétaux. Cet incident a été géré avec un grand professionnalisme par les équipes d’EDF. Il a donné lieu à la mise en place de l’organisation nationale de crise, ce qui rappelle l’importance, du point de vue de l’IRSN, de ne pas sous-évaluer les risques associés aux agressions naturelles. De même, plusieurs anomalies génériques ont affecté en 2009 des matériels ou composants importants pour la sûreté, en particulier les tubes de générateurs de vapeur, sur lesquelles le rapport présente l’analyse de l’Institut.
Ce rapport ne prétend pas à un exposé exhaustif des sujets impliquant la sûreté et la radioprotection dans les centrales nucléaires. Il présente une évaluation globale de la sûreté du parc en exploitation, en mettant en évidence des tendances d’évolution de certains paramètres significatifs pour la sûreté des installations. Il décrit ensuite une dizaine d’événements ou incidents particulièrement riches d’enseignements dans l’optique d’une recherche permanente de l’amélioration de la sûreté. Pour chaque sujet évoqué, le rapport fait état des résultats de l’analyse menée par l’IRSN.
Une analyse permanente
Notre pays compte 58 réacteurs nucléaires de puissance en service ainsi qu’environ 70 autres installations nucléaires, dont les usines associées à la filière électronucléaire et les réacteurs mis à l’arrêt définitif. Dans le cadre de ses missions, l’IRSN consacre des ressources importantes à l’analyse technique permanente de la sûreté de toutes les installations nucléaires, grâce notamment à l’exploitation systématique des rapports d’incidents transmis par les opérateurs. Cette analyse contribue à orienter les études et les recherches que l’Institut estime prioritaires en vue de faire avancer la sûreté, et alimente notamment les travaux d’expertise réalisés à la demande de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, lors des réexamens périodiques de sûreté des installations.
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