Les voeux de nouvelle année de Jacques Servier, patron fondateur du laboratoire du même nom, qui a commercialisé le désormais célèbre Mediator, risquent fort de susciter une nouvelle fois la polémique. Selon le quotidien Libération, il aurait vivement contesté le nombre de décès attribués au Mediator, alors même que Le Figaro révèle que le laboratoire a eu connaissance depuis au moins 2009, d’un lien de causalité avéré entre la prise de Mediator et l’apparition de valvulopathie cardiaque.
A l’occasion des voeux présentés à ses salariés mardi dernier, Jacques Servier aurait donc fait preuve d’un certain cynisme. En effet, alors que les autorités sanitaires estiment entre 500 et 2000 le nombre de décès liés à la consommation de Mediator, le patron du laboratoire commercialisant le médicament estime de son côté que « 500 est un très beau chiffre marketing, mais il ne s’agit que de 3 morts. Les autres avaient déjà des valvulopathies« . Selon Libération, le patron vieillissant de 88 ans aurait même ajouté que « les médecins sont derrière nous, tous les cardiologues nous soutiennent« . Pour justifier l’ampleur de l’affaire liée à son médicament, il invoquerait alors la théorie du complot…
Alors cynisme ou aveuglement… Dans tous les cas, les propos de Jacques Servier soulèvent l’indignation de nombreuses personnes, dont Me Charles Joseph-Oudin, l’avocat de patients-victimes du Mediator, qui se déclare « indigné« , ou encore Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest et auteur de l’ouvrage à l’origine de l’affaire Mediator.
Un rapport sans équivoque
Hasard du calendrier, alors que Libération rapporte les propos de Jacques Servier lors de ses voeux, de son côté, au même moment, le Figaro révèle que le laboratoire aurait commandé un rapport sur le lien pouvant exister entre Mediator et certaines maladies cardiaques en 2009. Ainsi, le Pr Bernard Lung de l’hôpital Bichat aurait remis le 5 octobre 2009 son rapport et ses conclusions ne laissaient alors aucun doute sur l’existence d’un lien de cause à effet entre la prise du médicament et l’apparition de valvulopathies cardiaques.
Plus précisément, le rapport remis au laboratoire Servier fin 2009 révélait que sur 17 patients opérés d’une valvulopathie, 12 étaient « évocateurs d’une valvulopathie médicamenteuse liée au benfluorex », la molécule du Mediator. Le laboratoire Servier aurait donc bien été informé des dangers de son médicament à cette date, sans toutefois le retirer immédiatement du marché.
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