Le 10 janvier 1991, la loi Evin imposait ses premières restrictions quant à l’usage du tabac dans les lieux publics. Quel bilan peut-on alors tirer vingt ans après? Des avancées mais également des échecs.
Lancée dès le 10 janvier 1991, la loi Evin entre dans le cadre d’une politique globale de lutte contre le tabac mais vise surtout à prendre en compte le tabagisme passif et la nécessité de protéger les non-fumeurs. Une des étapes importante de cette loi intervient en 2006 avec le décret Bertrand interdisant de fumer dans les lieux publics, interdiction étendue aux bars, restaurants et discothèques depuis le 1er janvier 2008.
Pour le Pr Bertrand Dautzenberg, président de l’Office français de prévention du tabagisme, cette victoire des non-fumeurs est d’autant plus notable que « les corps de contrôle, très présents dans les autres pays, ont été absents en France« . Il est donc « remarquable que ça ait été aussi bien respecté sans aucun contrôle » ajoute-t-il. Si selon lui, le décret est toujours « insuffisamment appliqué« , les non-fumeurs ont tout de même vu, d’une façon générale, leur environnement se dégager, même si les terrasses couvertes des restaurants continuent d’alimenter le débat.
Néanmoins, le bilan de la loi Evin est plus mitigé chez les fumeurs eux-même. En effet, si la tabagisme masculin est en baisse depuis 1991, le phénomène est tout autre chez les femmes. Ces dernières fument de plus en plus et le taux de cancer du poumon chez les femmes de 35 à 44 ans a été multiplié par quatre depuis 1991.
Sarkozy mauvais élève
Si le Pr Dautzenberg salue les campagnes anti-tabac de 2002 et 2003, ainsi que le plan cancer de 2003 initié par Jacques Chirac, il est beaucoup moins élogieux avec la politique menée par Nicolas Sarkozy sur le sujet. « Tous les arbitrages sont pris en faveur du ministère du Budget contre le ministère de la Santé, avec l’aval de l’Elysée« . « Avec le deuxième plan cancer, l’augmentation du prix du tabac a été calculée uniquement pour augmenter les profits de l’industrie et augmenter de 500 millions d’euros les taxes de l’Etat sans diminuer le nombres de fumeurs« , déplore-t-il.
Les chiffres confirme l’inefficacité de la politique menée dernièrement puisque les ventes de cigarettes ont augmenter de 2,6% en 2009 par rapport à 2008. Et, entre 2005 et 2010, la part des fumeurs chez les 15-75 ans a progressé de 26,9 à 28,7% (chiffres de l’INPES), avec là encore une hausse beaucoup plus marqué chez les femmes. « J’espère qu’avec l’arrivée de Xavier Bertrand, le ministère de la Santé va arriver à reprendre le pouvoir sur le contrôle du tabac« , confie le Pr Dautzenberg. Le ministre de la Santé a par ailleurs salué hier « un texte fondateur ».
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