Le professeur Bernard Iung, cardiologue à l’hôpital Bichat à Paris, accuse aujourd’hui dans Libération, le laboratoire Servier d’avoir modifié les véritables conclusions d’une étude qu’il avait lui-même réalisé pour le compte du laboratoire en juillet 2009.
En 2009, le laboratoire Servier, commercialisant le Mediator, avait chargé le Professeur Bernard Iung, cardiologue spécialiste des valvulopathies, d’effectuer une étude sur l’existence potentielle d’un lien entre le Mediator et l’apparition de valvulopathies. Ce professeur révèle aujourd’hui dans Libération les conclusions de cette enquête, conclusions remises en juillet 2009 au laboratoire Servier.
Cette étude portait sur l’analyse de 32 dossiers médicaux de patients traités au Mediator et atteints de valvulopathies. Or, dans 22 des 32 cas, le Pr Iung a démontré que « l’imputabilité du benfluorex » est au minimum « possible« . Dans ses conclusions remises au laboratoire, il notifie alors que « vu le signal fort de toxicité, une surveillance échographique des patients traités au benfluorex est adéquate« .
Une phrase ajoutée et les conclusions sont modifiées
Si cette conclusion est plutôt claire, le cardiologue accuse le laboratoire de l’avoir trafiquée au moment de la présentation de ce rapport à l’Afssaps. Lors de cette présentation illustrée par des diapositives, le médecin aurait eu la surprise de voir une mention non écrite de sa main, ajoutée sur la dernière diapositive. A la suite de ses conclusions, le laboratoire aurait ajouté la mention « les proportions du laboratoires sont adéquates« .
Le Pr Iung confie que cette conclusion ne « correspondait pas à (son) sentiment » mais que, focalisé sur les chiffres, il n’y a pas prêté immédiatement attention. « Ça peut poser la question de savoir si les experts ne devraient pas être mandatés directement par l’Afssaps« , conclut le médecin dans Libération. Le quotidien a tenté de contacter le laboratoire Servier sur ces accusations, et Servier n’a pas souhaité réagir.
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