Dans une relative discrétion, Nicolas Sarkozy a fixé hier les nouvelles règles organisant la filière nucléaire française, sifflant par là-même la fin des chamailleries franco-françaises. Sans surprise, si EDF se voit conforté comme chef de file de cette équipe de France, l’ensemble des acteurs sont priés de désormais jouer collectif.
Interrogé ce matin sur RTL, Eric Besson, ministre de l’Energie a précisé les grands axes de la nouvelle stratégie nucléaire française. Réuni hier autour de Nicolas Sarkozy, le Conseil de politique nucléaire a comme prévu affirmé le leadership d’EDF dans la filière nationale, tout en définissant les rôles de chacun, en assurant la signature d’un accord majeur de coopération entre l’électricien français et Areva.
A l’issue de cette réunion, le Président de la République a précisé la constitution d’un partenariat stratégique entre EDF et Areva, soulignant que « les deux entreprises finaliseront avant l’été un accord technique et commercial ». Il devra intégrer la poursuite de l’optimisation de l’EPR, sur la base du retour d’expérience des chantiers en cours (Olkiluoto, Flamanville, Taishan 1 et 2). Cet accord prévoira l’amélioration de la maintenance et de l’exploitation du parc nucléaire existant, afin d’accroître la performance opérationnelle des réacteurs et de préparer l’allongement de leur durée d’exploitation au-delà de 40 ans. Enfin, les deux groupes devront s’entendre sur la gestion du cycle du combustible, afin de qualifier de nouveaux produits combustibles et de renforcer la coopération industrielle sur le stockage des déchets radioactifs.
Par ailleurs, comme le souhaitait EDF, le Conseil demande à Areva de filialiser son activité amont, liée à l’exploitation de l’uranium, « afin de mettre en ?uvre l’ambition de la France dans le domaine de la recherche et de l’exploitation d’uranium ». Sur cette même question, le Conseil de Politique Nucléaire demande à Areva et EDF de conclure un accord d’approvisionnement de long terme d’EDF en uranium.
EPR mais aussi ATMEA-1 et même faible puissance
« Afin de renforcer l’offre française, en complément du réacteur de grande puissance (1650 MW) EPR, qui constitue aujourd’hui le produit de référence de la filière nucléaire française », le Conseil de Politique Nucléaire demande à Areva, EDF, GDF Suez, et aux autres acteurs intéressés de renforcer leur coopération industrielle pour le développement du réacteur de moyenne puissance ATMEA-1. Nicolas Sarkozy annonce la mise à l’étude d’un projet de construction en France d’un premier ATMEA-1.
Devant le potentiel du marché chinois qui s’ouvre à l’énergie nucléaire, le Conseil de Politique Nucléaire a chargé l’administrateur général du CEA de conduire des négociations avec les autorités chinoises, en vue d’un partenariat global entre la France et la Chine, portant sur l’ensemble des activités nucléaires civiles, y compris la sûreté. Ce partenariat pourra inclure, outre la fourniture de produits et services relatifs au parc nucléaire existant ou en projet, et la construction de nouveaux EPR, le développement en commun d’un réacteur de moyenne puissance (1000 MW), appartenant à la troisième génération. L’ensemble des acteurs de l’industrie nucléaire française seront associés à ce partenariat, précise le Conseil.
Souhaitant élargir son offre, le Conseil de Politique Nucléaire entend également ne pas délaisser le marché des petits réacteurs. Avec l’appui du CEA et des autres administrations concernées, le ministre chargé de l’Energie conduira un groupe de travail chargé d’étudier les aspects techniques, juridiques, et économiques des projets de réacteurs de faible puissance (100 à 300 MW) souligne le Conseil.
Cellule de coordination pour l’international
Concrètement, le Conseil de Politique Nucléaire annonce également l’installation d’un Comité stratégique de l’énergie nucléaire, réunissant l’ensemble des acteurs de la filière nucléaire, sociétés d’ingénierie, fournisseurs de services, fabricants d’équipements, entreprises du cycle du combustible, donneurs d’ordres, sous-traitants, organisations syndicales représentatives des salariés. Présidé par Eric Besson et sous la vice-présidence d’Henri Proglio, patron d’EDF, le Comité stratégique de la filière aura « pour mission de renforcer les relations et les partenariats entre les différents acteurs de l’industrie nucléaire ».
Afin d’assurer la coordination de l’offre française à l’exportation, le Conseil de Politique Nucléaire demande au ministre chargé de l’énergie d’animer une cellule de coordination de l’ensemble des acteurs de la filière nucléaire française, à laquelle participeront les représentants des différents ministères concernés. Lorsque la France est sollicitée pour ses compétences d’architecte ensemblier, EDF sera le chef de file de l’industrie nucléaire française. Dans les autres cas, le ou les chefs de file seront désignés en fonction de la situation et des besoins du pays demandeur du concours des entreprises françaises.
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