Le stress au travail serait l’un des maux les plus répandus dans nos sociétés occidentales. Représentant un coût direct estimé à quelque 4 % du PIB de l’Union européenne, l’Europe s’est mobilisée depuis 2004 pour lutter contre ce phénomène qui concerne des millions de salariés européens, réussissant semble-t-il à stopper son développement dans les pays de l’Union.
Selon Bruxelles, le stress au travail a pris de l’ampleur en Europe dans 9 pays membres et ne sera en baisse qu’en Suède. Des études indiquent que le stress est à l’origine de 50 à 60 % des jours de travail perdus. En France, par exemple, le stress aurait un coût annuel d’au moins 2 à 3 milliards d’euros, de quoi en faire un enjeu sociétal mais aussi économique.
Pour enrayer cette tendance lourde, les représentants des travailleurs et des employeurs européens ont conclu en 2004, un accord visant à assurer une protection minimale contre le stress au travail. La Commission européenne vient de publier une évaluation des retombées de cet accord, aux conséquences globalement positives semble-t-il.
L’accord européen aurait eu des effets positifs là où il a été mis en ?uvre. Les efforts accomplis par les employeurs et les travailleurs ont notamment débouché sur l’adoption de mesures dans 12 États membres qui s’étaient jusque-là caractérisés par un certain immobilisme. L’accord n’a certes pas été appliqué de la même manière dans tous les pays, note Bruxelles, mais 19 États membres disposent aujourd’hui d’une législation ou de conventions collectives contraignantes applicables au stress ou à d’autres risques psychologiques liés au travail.
L’Allemagne à la traîne
Pour László Andor, commissaire européen chargé de l’emploi, des affaires sociales et de l’inclusion, « cette évaluation nous montre comment un accord européen mis en application par les employeurs et les travailleurs à l’échelle nationale peut améliorer concrètement les conditions de travail en Europe.». « Nous savons que le stress peut constituer un problème structurel dû à l’organisation du travail plutôt qu’aux individus » affirme le commissaire qui « exhorte les employeurs et les travailleurs à poursuivre leur action bénéfique et à remédier aux manquements, notamment dans les pays où les actions concertées ont jusqu’ici été limitées » comme en Allemagne notamment.
L’accord conclu en 2004 par les partenaires sociaux européens multisectoriels (Business Europe, UEAPME, CEEP et CES) vise à augmenter la prise de conscience du stress au travail et à définir un cadre d’action. Il revient aux employeurs de déceler les facteurs de stress et d’essayer d’assurer une meilleure adéquation entre la responsabilité et les compétences. Il leur appartient aussi de consulter les travailleurs sur les restructurations et les nouvelles technologies et d’apporter leur soutien aux individus et aux équipes, précise la Commission européenne.
Selon Bruxelles, l’accord de 2004 a « ouvert la voie du dialogue social » et de l’élaboration de politiques dans le domaine du stress professionnel dans la plupart des États membres. Les règles relatives au stress au travail ont été couchées dans des accords généraux conclus par les partenaires sociaux, des conventions collectives, des lignes directrices ou des dispositions législatives. Dans un grand nombre de pays, les partenaires sociaux ont également mené des campagnes de sensibilisation et mis au point des outils d’évaluation du stress et de formation, ainsi que d’autres instruments pratiques souligne la Commission.
Contraintes professionnels, pressions psychologiques, conflits, précarité?
Pour les partenaires sociaux, si les individus sont parfaitement capables de faire face à des situations stressantes de courte durée, une exposition prolongée à une situation de stress peut causer des dommages considérables rappelle Bruxelles. Les principaux facteurs de stress sont les contraintes professionnelles, les marges de man?uvres, les relations sociales, les sollicitations psychologiques, les conflits portant sur les valeurs et l’éthique ainsi que la précarité de l’emploi.
L’exposition à ces facteurs de stress a augmenté au fil du temps affirme la Commission. La proportion de travailleurs précisant qu’ils doivent respecter des délais serrés ou travailler à un rythme élevé pendant au moins un quart de leur temps de travail, est passée de 50 % en 1991 à plus de 60 % en 2005, se stabilisant depuis.
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