Quand Tsunehisa Katsumata, président de Tepco reconnaissait en juillet 2007, une « certaine inefficacité », après l’annonce de fuites radioactives dans sa méga centrale de Kashiwazaki-Kariwa, les autorités japonaises auraient dû se méfier. Car la catastrophe nucléaire en cours de Fukushima-Daiichi est loin d’être le seul accident imputable au géant nippon de l’électricité, connu pour ses dissimulations.
« Je reconnais qu’il y a eu une certaine inefficacité dans nos mesures d’extinction » affirmait Tsunehisa Katsumata, président du groupe japonais Tepco, en cause après l’annonce de fuites radioactives dans sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa en juillet 2007, suite au séisme qui avait déjà frappé le pays en début de semaine. Considéré comme le plus grand producteur privé d’électricité dans le monde, Tokyo Electric Power (Tepco) exploite 3 centrales nucléaires de 17 réacteurs mais aussi des centrales hydroélectriques, des parcs éoliens et une centrale géothermique.
La centrale de Kashiwazaki-Kariwa
Aux prises actuellement avec la terrible catastrophe nucléaire qui frappe sa centrale de Fukushima-Daiichi, Tepco est depuis déjà plusieurs années au c?ur de vives polémiques sur la sécurité de ses centrales. Car le Japon est confronté depuis 1995 à une succession d’incidents qui touchent à la sureté de ses installations nucléaires et notamment celles de Tepco, en raison essentiellement de l’activité sismique qui touche la péninsule.
Le gouvernement nippon avait ainsi déjà clairement montré du doigt la direction de la compagnie électrique Tokyo Electric Power en juillet 2007, à la suite du gros incendie qui s’était déclenché à la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, et les fuites radioactives qui avaient été constatées. Considérée comme l’une des plus importantes du monde avec 7 réacteurs nucléaires développant une capacité totale de 8,21 GW, la centrale avait dégagé à l’époque une importante et inquiétante fumée, avec certaines fuites radioactives.
Avant cette catastrophe de Fukushima-Daiichi, Tepco avait reconnu déjà une cinquantaine de dysfonctionnements recensés, dont notamment des feux, des fuites de liquides radioactifs et du matériel détruit. Une centaine de fûts d’acier hermétiques destinés à recueillir les gants et autres vêtements potentiellement irradiés s’étaient renversés lors du séisme de 2007.
Incidents dissimulés depuis des années
Cet accident avait semé le doute dans la population sur la question de la sécurité des sites nucléaires du pays. Le géant Tepco s’est déjà illustré à plusieurs reprises en tentant à chaque fois de dissimuler ses incidents. Cette centrale de Kashiwazaki-Kariwa avait déjà été en fait fermée en 2003, pour des fissures détectées sur des réacteurs, malgré les dénégations et les tentatives de falsification de responsables de Tepc, entraînant d’ailleurs la démission de Nobuya Minami, le président de Tepco de l’époque.
L’Agence japonaise pour la sécurité de l’industrie nucléaire avait révélé en août 2002 que Tepco avait dissimulé de nombreux rapports d’inspection dans la centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Suite à ces révélations, le gouverneur de la préfecture de Niigata et les maires de la ville de Kashiwazaki et du village de Kariwa avaient retiré leur aval à l’utilisation du combustible MOX, obtenu après de laborieuses négociations avec les populations locales. Les autorités locales avaient estimé la compagnie d’électricité « avait détruit le rapport de confiance mutuelle par des agissements malhonnêtes ».
En mars 2007, diverses dissimulations avait été découverts dans le secteur. Le ministre de l’Économie et de l’Industrie Akira Amari, avait ordonné à Tepco de maintenir fermée la centrale jusqu’à nouvel ordre. Confronté à un grave déficit de production suite à l’arrêt total de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa et de lourds déficits financiers, Tepco avait obtenu en février 2009 l’autorisation de redémarrer l’unité n°7 de sa centrale.
Sans ressources naturelles, le Japon dépend à 35% du nucléaire civil et de ses 55 réacteurs en activité, pour son électricité. Malgré ces incidents, le pays s’était engagé il y a quelques années dans la relance de ses projets nucléaires pour pousser ce pourcentage à 40%.
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