Si la rougeole ne fait plus peur, cette infection parfois grave, se développe fortement en France depuis plusieurs années. Alerté par cette poussée épidémique, le ministère de la Santé lance un appel à la mobilisation des Français pour endiguer la recrudescence de la rougeole, à l’origine de pneumonies et d’encéphalites aiguës parfois mortelles.
« Nous sommes face à une recrudescence préoccupante de la rougeole » a déclaré hier Nora Berra, Secrétaire d’Etat chargée de la Santé. Constatant une forte recrudescence de cette « infection grave » en France en 2010 et sur les deux premiers mois de 2011, le ministère de la Santé lance un appel à la mobilisation pour endiguer cette épidémie.
Les chiffres sont éloquents. Alors qu’en 2006 et 2007, une quarantaine de cas annuels était déclarée en France, l’épidémie s’est intensifiée pour atteindre 1 544 cas en 2009 et 5 021 cas en 2010. Sur les deux premiers mois de l’année 2011, déjà 3 400 nouveaux cas ont déjà été détectés, ce qui augure d’une situation qui empire.
« Il faut sortir des clichés et rappeler aux Français que la rougeole est une infection grave, qui peut être lourde de conséquences et même mortelle » rappelle Nora Berra. La rougeole a en effet été responsable, en 2010, de 8 encéphalites infectieuses ou post infectieuses, dont deux conduisant à un décès, et près de 1 500 cas (29,5%) ont été hospitalisés souligne la Secrétaire d’Etat. Si elle ne tue pas toujours, la rougeole peut par ailleurs avoir des conséquences graves et cérébrales à long terme, rappelle le ministère.
La rougeole est considérée, à tort, comme une maladie infantile. Or, « les données épidémiologiques nous montrent que cette maladie touche aujourd’hui aussi bien les enfants que les adolescents et les adultes » précise la Secrétaire d’Etat. Les formes les plus compliquées de cette infection surviennent plus fréquemment chez les enfants de moins de un an et chez les adultes de plus de vingt ans.
30 % de rougeoles « compliquées »
Les formes plus compliquées de rougeole concernent environ 30 % des cas d’infection dont certaines sont graves (pneumonies, laryngites et surtout encéphalites aiguës qui peuvent être mortelles). Or, même si l’âge médian des cas est de 12 ans, en 2009, les Français touchés étaient âgés d’un mois à soixante-seize ans (dont 23 % chez des adultes de 20 ans et plus).
La rougeole est une maladie infectieuse très contagieuse, quelles que soient les mesures d’hygiène mises en place. Un malade peut contaminer quinze à vingt autres personnes non vaccinées. La recrudescence de cette maladie est principalement liée à une couverture vaccinale encore insuffisante en particulier chez les adolescents et jeunes adultes non vaccinés.
« Le vaccin reste la meilleure prévention contre la rougeole » rappelle la Secrétaire d’Etat. Depuis 1986, le vaccin « trivalent » contre la rougeole, la rubéole et les oreillons est recommandé en France. Il est très bien toléré, efficace et accessible à tous. La première vaccination est recommandée chez tous les bébés dès l’âge de douze mois (dès neuf mois pour l’entrée en collectivité). Une seconde injection est recommandée entre treize et vingt-quatre mois.
Tous les enfants, à l’âge de vingt-quatre mois, devraient avoir reçu deux doses de vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (en respectant un délai d’au moins un mois après la deuxième injection). La vaccination est recommandée en rattrapage chez les sujets âgés de plus de deux ans ou nés depuis 1980 qui ne seraient pas vaccinés.
Appel à la vaccination
« Le pourcentage de la population française vaccinée contre la rougeole n’est pas suffisant pour protéger l’ensemble de la population. C’est en partie ce qui explique la recrudescence de cette maladie. Pour atteindre l’objectif de couverture vaccinale nécessaire à l’interruption de la circulation de la rougeole, il faut obtenir une couverture vaccinale de 95 % » précise Nora Berra.
« J’appelle donc les jeunes de 20 à 30 ans et les parents d’enfants jusqu’à 18 ans à faire, sans délais, un effort collectif et individuel de vaccination. C’est seulement grâce à cette prise de conscience et à cet effort que les épidémies et les cas de rougeole pourront disparaître » souligne la Secrétaire d’Etat.
Des actions de communication sur le court et moyen terme doivent rapidement être mises en place pour informer les professionnels de santé et le grand public de la recrudescence de l’épidémie, des risques encourus, et de l’importance de la vaccination. « Nous allons nous appuyer sur tous les relais disponibles pour informer et sensibiliser les Français ; ensuite, il est de la responsabilité de chacun de se protéger et de protéger ses enfants. » précise la Secrétaire d’Etat.
La vaccination contre la rougeole est en outre la priorité nationale et européenne de l’édition 2010 de la Semaine européenne de la vaccination, qui se déroulera du 26 avril au 02 mai 2011.
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