Si toute l’attention des techniciens du nucléaire se concentre actuellement sur la gestion de l’eau contaminée à Fukushima, la Criirad estime que l’urgence est aujourd’hui plus que jamais à la « protection sanitaire des habitants des zones contaminées ». La commission indépendante sur la radioactivité demande à Tokyo d’élargir en urgence la zone d’évacuation autour de la centrale.
A des milliers de kilomètres de la France, la Criirad rappelle que les japonais qui vivent dans les zones touchées par une forte radioactivité sont exposés au quotidien à des pollutions radioactives qui les contaminent par différentes voies qui se cumulent. Ils sont exposés d’une part aux rayonnements qu’émettent les aérosols et les gaz radioactifs que les vents transportent vers les zones habitées, celles de la Préfecture de Fukushima, bien sûr, mais aussi bien au-delà de la ville de Sendai, à 100 km au nord et bien au-delà de Tokyo à 230 km au sud souligne la Criirad.
Plusieurs sources de contamination
Les japonais sont également exposés aux rayonnements émis par les produits radioactifs qui retombent progressivement au sol (du fait de la gravitation, des pluies et de la neige) et qui s’accumulent sur les surfaces. La Criirad précise que les débits de dose sont multipliés par 10 à bien plus de 100 km de la centrale nucléaire, par 100 à quelques 60 ou 70 km de distance et quand l’on considère un périmètre d’une cinquantaine de kilomètres certaines valeurs dépassent de 1 000 fois le niveau normal.
Dans le même temps, il faut également prendre en compte la contamination externe à cause du dépôt des particules radioactives sur la peau et les cheveux (une contamination qui peut très facilement se transformer en contamination interne si la peau comporte des blessures ou de simples microlésions. Le danger de contamination est multiplié si les doigts sont portés à la bouche, au nez, si la personne manipule des aliments sans s’être lavé les mains, ou si les aérosols déposés sur les cheveux sont remis en suspension et inhalés précise la Criirad.
Malgré ces valeurs importantes relevées à plusieurs dizaines de kilomètres de distance de Fukushima, ces zones n’ont pas fait l’objet de mesures d’évacuation ou de confinement. Pourtant « ces niveaux d’exposition ne correspondent pas à des élévations ponctuelles des flux de rayonnements » souligne le laboratoire.
Evacuer en urgence les populations exposées
Plus précisément, la Criirad rappelle qu’une valeur de 8 ?Sv/h (qui ne constitue pas un maximum) correspond à 64 ?Sv pour 8 h de présence et à 1 152 ?Sv sur 18 jours, soit une valeur supérieure à la limite de dose maximale admissible sur 1 an (1 mSv). Et si les gaz radioactifs ont pénétré, comme les experts du laboratoire de Valence le pense, à l’intérieur des habitations, il faut calculer les doses d’exposition externe sur la base de 24 h/jour (on arrive alors à plus de 3 mSv/an, soit 3 fois la limite de dose maximale admissible sur 1 an).
Malgré une stratégie de prélèvement et d’analyses qui « manque de cohérence », les résultats qui se multiplient en provenance de la péninsule nipponne témoignent du niveau de risque élevé auquel les populations sont confrontées affirme la Criirad. Compte tenu de l’importance de la contamination, compte tenu de l’impossibilité de prévoir quelles quantités de produits radioactifs seront encore rejetés demain, après-demain? dans l’atmosphère, le laboratoire français réitère son appel aux autorités japonaises pour évacuer la population bien au-delà du rayon de 20 km et pour apporter aux populations les plus affectées le maximum de produits alimentaires non contaminés.
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