Si les médias se désintéressent progressivement de la crise toujours en cours à la centrale de Fukushima, classée désormais au niveau 7 de l’échelle de l’INES, les informations en provenance du Japon restent inquiétantes. L’état de trois réacteurs 1, 2 et 3 demeure « très préoccupant » pour l’institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire.
A Fukushima, la crise est toujours d’actualité. Si l’eau douce est maintenant utilisée pour refroidir les réacteurs et les piscines, l’IRSN souligne que les moyens utilisés pour l’injection d’eau restent « précaires » avec une injection en cuve en circuit ouvert. Par ailleurs, l’exploitant TEPCO injecte depuis le 6 avril à un débit faible de l’azote à l’intérieur de l’enceinte du réacteur n°1 afin de limiter le risque d’explosion de l’hydrogène présent dans ce bâtiment note l’institut français. La même action sera réalisée ultérieurement dans les enceintes des réacteurs 2 et 3.
Ces opérations, qui dureront plusieurs jours pour chaque réacteur, pourront générer de nouveaux rejets atmosphériques, prévoit l’IRSN. L’évolution de la pression enceinte du réacteur n°1 confirme la présence d’une fuite de cette enceinte selon TEPCO.
Eau fortement contaminée
Une réplique de séisme et un incendie dans le bâtiment d’échantillonnage des rejets ont eu lieu le 12 avril rappelle l’institut, « sans entraîner d’aggravation de la situation », selon l’IRSN. Ces répliques de séisme constituent néanmoins un point préoccupant pour la stabilité à long terme des ouvrages souligne les experts français.
Motif d’inquiétude, la présence d’eau contaminée dans les bâtiments des turbines des trois unités résulte des déversements d’eau sur les réacteurs pour assurer leur refroidissement ainsi que de probables fuites d’eau en provenance des cuves ou des enceintes des réacteurs 2 et 3, rappelle l’IRSN. Des opérations de pompage de cette eau sont en cours, notamment pour le réacteur 1. Celles-ci sont délicates compte tenu de la quantité d’eau à traiter et de leur forte contamination.
Une fissure du puits adjacent au bâtiment turbine du réacteur 2 a entraîné un rejet direct d’eau fortement contaminée dans la mer. TEPCO a stoppé ce rejet le 6 avril vers 6h00 heure locale en colmatant la fuite par une injection de silicate de sodium. Depuis le 13 avril, l’eau contaminée présente dans ce puits est pompée et stockée dans le condenseur de la turbine afin de la « confiner ». Cette opération devrait durer moins de deux jours. L’activité relevée en mer est en diminution significative depuis ces actions souligne l’IRSN.
Poursuite des rejets radioactifs dans l’air
Le communiqué de l’institut français rappelle que du 4 au 10 avril, TEPCO a effectué des rejets volontaires en mer d’une eau qu’il qualifie de « faiblement contaminée ». Il s’agit principalement de 10 000 tonnes d’effluents liquides stockés dans des réservoirs, qui étaient en attente de traitement et de rejet avant l’accident. Les mesures effectuées pendant plusieurs jours dans l’eau de mer à proximité de la centrale ont montré une « forte contamination du milieu marin », conséquence directe de l’écoulement vers la mer des eaux très contaminées des unités accidentées.
Par ailleurs, des rejets atmosphériques (panaches de vapeur) se poursuivent « vraisemblablement » croit savoir l’IRSN, mais ils sont « de moindre ampleur » que ceux résultant des opérations de dépressurisation des enceintes de confinement qui ont eu lieu au cours de la première semaine suivant le début de l’accident. Ces rejets ne devraient pas modifier de manière notable, dans les prochains jours, la contamination de l’environnement déjà présente affirme l’institut français.
Commentaires récents