Par France Nature Environnement, qui réagit à la publication du rapport intermédiaire commandé par le gouvernement sur l’exploitation du gaz de schiste en France. Pour le collectif écologiste, le document est « caricatural » et téléguidé par l’industrie.
Le rapport intermédiaire de la mission interministérielle commandé par la ministre de l’écologie et le ministre de l’industrie suite à la forte mobilisation citoyenne, a été rendu public ce jeudi 21 avril. Ce rapport se veut très rassurant et recommande de ne pas fermer la porte à une future exploitation des gaz de schiste.
Un rapport fumeux
Si France Nature Environnement s’attendait à un rapport plutôt favorable à l’exploitation des gaz de schiste après avoir été auditionnée par la mission interministérielle, elle ne s’attendait pas, et de loin, à un rapport aussi caricatural, quasiment sans nuance, où le seul objectif semble de rendre acceptables les gaz de schiste aux français.
Ce rapport est un florilège des écrans de fumée dressés pour rendre acceptable l’inacceptable. Les réserves du sous-sol français sont inconnues, supposons les considérables pour faire rêver … : la mission évoque ainsi les chiffres de 100 millions de mètres cubes « techniquement exploitables » en huiles dans le bassin parisien et de 500 milliards de mètres cubes de gaz dans le sud du pays, soit l’un des potentiels » les plus prometteurs au niveau européen « . C’est d’autant plus grave que ces supputations productivistes risquent de donner des arguments aux exploitants pour majorer l’éventuel préjudice subi en cas de refus d’autorisation d’exploiter. Argument ultime : les mêmes entreprises qui ont demandé à déroger à toutes les lois de protection de l’environnement aux Etats-Unis seront prêtes à » travailler » proprement en Europe et à utiliser les » meilleures technologies disponibles « . Le reste est à l’envi…
L’industrie fait son trou
La mission confiée à la CGEDD et au CGIET [1] n’avait d’interministérielle que le nom. En effet, l’énergie n’est plus dans les attributions du ministère de l’Environnement depuis le dernier remaniement du gouvernement fin 2010, mais dans celles du ministère de l’Industrie. Au vu des enjeux, il importe maintenant que le ministère de l’écologie soit renforcé dans ses attributions sur ces questions énergétiques, car c’est bien le seul à même de préserver l’avenir et non les calculs mercantiles de court terme.
Cette mission est composée uniquement de hauts fonctionnaires. C’est le retour des grands corps d’Etat, de la technocratie, en particulier du corps des Mines, et sa tentation permanente de décider à la place des politiques pour ce qui tient à la stratégie énergétique du pays et à la gestion des ressources. Le but est évidemment de tenter d’influer sur la position des députés et sénateurs qui ont déposé pas moins de 5 propositions de lois ces dernières semaines en vue d’interdire l’exploration et l’exploitation des gaz et huiles de schiste. Ces projets de lois seront examinés début mai en procédure d’urgence.
L’industrie ne doit pas confisquer le débat
Pour Maryse Arditi, responsable du réseau Energie de FNE » ce n’est pas sur la foi d’un seul rapport que la décision doit être prise d’exploiter ou non ces hydrocarbures mais en associant les citoyens à un grand débat national sur l’énergie qui doit être une des thématiques centrales des élections à venir. Les élus doivent s’engager pour l’intérêt public, hiérarchiser les enjeux et se construire leurs propres idées face au lobbying de toutes sortes. L’environnement n’est pas une variable d’ajustement, la qualité de l’eau, de l’air, la lutte contre le réchauffement climatique conditionnent notre survie, pas le fait de pouvoir remplir son réservoir. »
FNE reste attentive, vigilante, et continue à s’associer à la mobilisation citoyenne autour de cette lutte, » l’heure est toujours à la mobilisation ! « .
[1] CGEDD Conseil général de l’environnement et du développement durable ; CGIET Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies
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