Depuis le 1er mai, les entreprises qui commercialisent des produits à partir de plantes médicinales doivent avoir apporté les preuves de leurs qualités pharmaceutiques auprès de l’Union européenne. Si la procédure paraît logique devant les risques que représentent certaines plantes pour la santé, elle devrait se traduire par la suppression de quelque 400 produits des rayons des officines françaises.
Finie la phytothérapie ? Le magazine 60 millions de consommateurs évoque la polémique qui anime le web actuellement sur la question des produits à base de plantes médicinales. Le Collectif pour la défense de la médecine naturelle alerte les internautes depuis plusieurs semaines sur un changement prévu de la réglementation européenne qui mettrait en péril notre santé. Comptabilisant plus de 276 000 pétitionnaires opposés à cette modification, le CDMN rappelle que « de nombreuses personnes se sont toujours soignées par les plantes et ont constaté leur grande efficacité ».
« Doit-on devenir des cobayes des lobbys pharmaceutiques sans alternative, sachant que les médicaments qui soignent un problème spécifique peuvent avoir des effets secondaires catastrophiques à d’autres niveaux ? » s’interroge le collectif français qui pointe du doigt derrière cette directive européenne « le seul profit de multinationales pharmaceutiques ».
Pas de suppression pure et simple
De quoi s’agit-il ? L’Union européenne entend modifier la directive 2004/24/CE du 31 mars 2004, afin de faire le tri entre ces médicaments dit naturels ou bio, à base de plantes médicinales. Mais l’objectif n’est pas leur suppression pure et simple, comme s’alarme le CDMN mais de faire le ménage dans les rayons pharmaceutiques.
Comme le précise 60 millions de consommateurs, l’UE n’a pas l’intention d’interdire l’utilisation des plantes médicinales. La députée européenne centriste Anne Delvaux précise que « La directive (?) ne fait que prévoir une harmonisation de la procédure d’homologation de ceux-ci. Elle ne vise aucunement leur suppression voire leur retrait de la vente ».
Concrètement, les producteurs des produits concernés devaient apporter les preuves de l’efficacité pharmaceutique de leurs remèdes naturels jusqu’au 30 avril dernier. Si cette mesure concerne les phytomédicaments connus et utilisés depuis au moins 30 ans, dont 15 en Europe, elle ne concernerait pas les médicaments homéopathiques, ni les plantes médicinales en vrac précise le magazine de consommateurs.
Trop coûteux
Si les essais cliniques ne sont pas nécessaires, les fabricants européens doivent apporter la preuve bibliographique de l’intérêt médical des plantes utilisés. Sans être extrêmement difficile, la procédure d’enregistrement est coûteuse, évaluée à 60 000 euros par l’élue écologiste Michèle Rivasi, et même 180 000 euros pour le CDMN.
Cette contrainte financière pourrait mettre hors jeu beaucoup de petites entreprises, craignent les défenseurs d’une filière des médecines naturelles très éclatée. Selon l’estimation de Cédile Dumoulin, rapporteur de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, près de 400 produits à base de plantes médicinales pourraient être retirés des rayons pharmaceutiques.
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