Selon son opinion sur la question, Frédéric Mitterrand vient de se rendre complice d’ « un spectacle barbare, cruel, ayant pour seule finalité la souffrance de l’animal » comme le pensent les Jeunes Ecologistes, ou au contraire, reconnaître enfin la tauromachie comme une pratique culturelle qui fait partie du patrimoine français. En classant la tauromachie au patrimoine immatériel français, le gouvernement relance le débat de la légitimité de ce spectacle, tout à la fois artistique et sanglant.
Les Jeunes Ecologistes s’indignent de la décision prise le 23 avril dernier par le ministère de la Culture, qui a classé la tauromachie au patrimoine immatériel français. Evoquant une tradition culturelle, Frédéric Mitterrand a entendu les arguments des nombreux défenseurs de la corrida en France, qui souhaitent protéger cette pratique dans l’hexagone, dénoncée par de nombreuses associations.
Premier pays à classer la tauromachie au patrimoine immatériel, la France vient de donner un signe fort de soutien à cette tradition ancrée dans le sud-ouest. Première étape d’un éventuel classement au patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco, cette décision tranche avec un climat politique et sociétal plutôt critique en France, mais aussi en Espagne et même en Amérique du Sud, sous la pression d’associations réclamant son interdiction.
Tradition historique venue d’Espagne
Particulièrement remontés contre cette décision « prise dans la plus grande opacité », les Jeunes Ecologistes rappellent que la corrida n’a été introduite en France qu’il y a seulement 160 ans, et qu’ « on ne peut donc pas parler de tradition historique ». Si les origines de la tauromachie à cheval sont espagnoles, identifiées dès le 9e siècle, la course de taureaux et l’art qui y est associé semble plus récent en France, sans soute à partir du 15 ou 16e siècle et surtout à partir du 18e siècle dans une forme plus proche de celle pratiquée encore aujourd’hui.
Les Jeunes Ecologistes soulignent que certains pays étrangers où la tradition était bien plus ancrée ont récemment évolué sur le sujet, comme en Catalogne par exemple, où la corrida, fortement associée au passé franquiste et réactionnaire, a été abolie en 2010. Sans être véritablement en recul en France ou en Espagne, la tauromachie est au c?ur de débats parfois vifs en France, mais aussi en Espagne ou au Mexique.
En France, la tauromachie n’est pas explicitement autorisée mais pas totalement interdite non plus. La corrida est tolérée par dérogation dans les villes du Grand Sud, à la tradition tauromachique reconnue comme par exemple Nîmes, capitale française de l’art taurin, mais aussi Arles ou Bayonne. Critiquée pour sa barbarie et sa cruauté par beaucoup d’associations, la corrida a reculé dans certaines villes. Les maires de Fréjus et de Montpellier, villes à la culture taurine peu affirmée, ont ainsi récemment décidé de les interdire.
Filière taurine française très active
Malgré cette pression, le spectacle taurin se porte bien en France qui organise chaque année plus d’une centaine de corridas, rassemblant des milliers d’aficionados, passionnés par l’art tauromachique, mais aussi de touristes curieux en vacances dans la région. Des éleveurs camarguais de taureaux de combat, aux organisateurs de la Feria de Nîmes ou d’Arles, en passant par de célèbres toreros comme Sébastien Castella, Juan Bautista, ou Marie Sara, la filière taurine française est très active et reconnue en Espagne, jusqu’en Amérique du Sud.
En matière de corrida, les avis sont souvent tranchés et parfois excessifs. Mais il est certain que cette décision risque de radicaliser encore un peu plus les anti-corridas en France. Fortement opposés à la décision ministérielle, les Jeunes Ecologistes annoncent qu’ils seront présents le samedi 28 mai à 15h place du Palais Royal pour manifester leur mécontentement.
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