Alors que Le Parisien s’est procuré la plaquette publicitaire du Mediator distribuée par le laboratoire Servier dans les années 80 aux médecins, cette dernière se révèle accablante pour le laboratoire. En effet, le Mediator y est présenté comme un traitement contre l’obésité et non pas comme un médicament destiné uniquement aux personnes diabétiques.
« Il est dans votre salle d’attente, c’est votre prochain malade. Il a entre 40 et 50 ans. Sa bonne santé n’est qu’apparente, derrière son aspect jovial et rubicond, son excès de poids et quelques anomalies sont alarmants. Le risque vasculaire le guette« , peut-on lire sur la plaquette publicitaire du Mediator distribuée par le laboratoire Servier aux médecins dans les années 80. Elle vante alors les mérites de ce médicament destiné alors aux personnes en surpoids, ou « polysurchargées« . « Mediator est le traitement des polysurcharges métaboliques« , conclut la plaquette.
On se trouve donc en complète opposition avec les propos tenus par Jacques Servier qui annonçait dans le Monde du 21 nvembre 2010 que « le Mediator n’est pas un coupe-faim » et qu’aucun des délégués médicaux du laboratoire ne l’avait présenté comme étant une solution pour les personnes en surpoids souhaitant maigrir.
Des médecins induits en erreur
Par ailleurs, dans un autre document de 45 pages, rédigé par le laboratoire Servier en 2008 et utilisé par les visiteurs médicaux, document remis aux gendarmes de l’Office centrale de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique, figure la preuve que les médecins étaient clairement induits en erreur par le laboratoire. Ainsi, le Point imagine ce matin le cas d’un praticien scrupuleux qui demandait à l’époque ce qu’il y aurait de commun entre le Mediator dont le principe actif est le benfluorex, et l’isoméride dont le principe actif est la fenfluramine, un autre médicament Servier interdit depuis 1997 pour toxicité cardiovasculaire justement. L’hebdomadaire nous renvoie alors à page 43 de la plaquette distribuée par Servier : « Mediator se distingue radicalement des fenfluramines tant en termes de structure chimique que de voies métaboliques. » « Or, Servier ne peut alors ignorer que le Mediator et la fenfluramine partagent une structure chimique semblable, aboutissant à la production à fortes concentrations dans l’organisme d’un poison puissant, la norfenfluramine. Le caractère toxique de la norfenfluramine pour les valves du coeur fut établi, en 2000, par la presse scientifique américaine« , ajoute Le Point.
Plus grave encore, Servier évoque en page 30 de son document l’absence d’effet cardio-vasculaire du médicament, et ce, alors même que la Commission de pharmacovigilance évoquait en 2007 soit un an avant, des cas de valvulopathie lié à la consommation de benfluorex.
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