Avec la flambée des prix de l’énergie, de plus de plus de français ont froid l’hiver. Ce qu’on appelle aujourd’hui un peu « froidement » la précarité énergétique, concernerait plus de 3,5 millions de ménages en France.
Si la loi reconnaît la précarité énergétique comme une difficulté à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat, cela ne l’empêche pas de se développer en France, au point de concerner désormais un ménage modeste sur cinq. L’Insee vient de publier une étude éclairante sur cette question douloureuse et très concrète pour des millions de français.
Comme le souligne Isolde Devalière dans son étude, lorsqu’il est fragilisé financièrement, le ménage doit alors faire des arbitrages : se chauffer au risque d’impayés ou ne plus se chauffer et subir les conséquences du froid sur sa santé, son logement, sa vie sociale. En France métropolitaine, 3,8 millions de ménages ont un taux d’effort énergétique supérieur à 10 % de leur revenu, et 3,5 millions déclarent souffrir du froid dans leur logement.
Les plus modestes les plus touchés
De manière implacable, ce sont logiquement les ménages modestes qui sont surtout exposés au froid car ils cumulent des contraintes financières et un habitat peu performant. 621 000 ménages souffrent des deux formes de précarité. Ainsi, plus d’un ménage modeste sur cinq déclare souffrir du froid dans son logement, selon l’étude rédigée par Isolde Devalière du Centre scientifique et technique du bâtiment, et Pierrette Briant et Séverine Arnault de la division Logement de l’Institut nationale des statistiques.
En France métropolitaine, 3,5 millions de ménages ont déclaré avoir souffert du froid dans leur logement au cours de l’hiver 2005, soit 14,8 % des ménages. Cette proportion atteint 22 % chez les ménages modestes (1er quartile de niveau de vie) et 10 % parmi les plus aisés. Les ménages ayant souffert du froid consacrent en moyenne 4,9 % de leurs ressources au poste « énergie », soit davantage que l’ensemble des ménages (4,3 %).
L’étude souligne que globalement, la proportion de personnes déclarant « avoir eu froid au cours de l’hiver » précédant l’enquête a fortement progressé, passant de 10,9 % en 1996 à 14,8 % en 2006 (+ 3,9 points). Les conditions climatiques ne semblent pas responsables de cette évolution : l’hiver 2005-2006 n’a pas été plus rigoureux que l’hiver 1995-1996 (4,3 degrés contre 4,8 en moyenne). De plus, en dix ans, les conditions de logement se sont plutôt améliorées.
Il est possible que la population soit devenue plus sensible au froid ou plus exigeante en matière de confort thermique que par le passé, précise l’étude du CSTB et de l’Insee. Mais surtout, davantage de ménages ont déclaré avoir restreint leurs dépenses d’énergie en renonçant au confort thermique. En effet, les ménages ayant eu froid dans leur logement indiquent plus fréquemment en 2006 qu’en 2002 avoir limité leur consommation de chauffage en raison de son coût (21,5 % contre 14 %).
Près de 15% des ménages français concernés
Au total, 14,4 % des ménages français ont un taux d’effort énergétique dépassant 10 %, soit 3 800 000 ménages en 2006. Dans ce cas également, on peut parler de précarité énergétique. Près de 70 % de ces ménages sont parmi les plus modestes, le taux d’effort énergétique moyen décroissant avec les revenus : de 9,3 % pour les 25 % de ménages les plus modestes, il passe à 2,7 % pour les plus aisés.
Les principales raisons invoquées par les ménages se plaignant du froid sont relatives à l’état du logement : une mauvaise isolation est citée dans 41 % des cas, une installation de chauffage insuffisante dans 33 % des situations et une panne (ponctuelle, récurrente ou pérenne) de l’installation dans 18 % des cas.
Commentaires récents