Soupçonnés d’induire un risque d’accouchement prématuré, un collectif de médecins et de sages-femmes déconseille aujourd’hui aux femmes enceintes de consommer quotidiennement des édulcorants intenses pendant la grossesse. Le RES évoque une situation grave pour justifier cette alerte.
« Nous, médecins et sages-femmes, avons à ce jour suffisamment d’éléments en terme de bénéfice/risque pour déconseiller aux femmes enceintes de consommer quotidiennement des édulcorants intenses pendant la grossesse » affirme solennellement les professionnels de santé signataires de cette alerte. Agnès Boyer, sage-femme, Marianne Buhler, gynécologue, Valérie Courtin-Laniel, sage-femme, Laurent Chevallier, nutritionniste, Thierry Harvey, Chef de service de la maternité des Diaconesses à Paris et enfin le Pr Pierre Mares, Chef de service de gynécologie obstétrique au CHU de Nîmes rappellent avant toute chose que « le bénéfice d’une consommation d’édulcorants n’est pas démontré ».
Sachant que l’intérêt des édulcorants n’est pas certain notamment en termes de contrôle du poids, en l’état de des connaissances actuelles, « on ne peut que déconseiller d’utiliser des produits dont l’innocuité n’est pas suffisamment établie » affirme les spécialistes de santé, regroupés sous la bannière du Réseau Environnement Santé (RES).
Une boisson gazeuse light par jour
Les lanceurs d’alerte rappellent que la consommation de boissons avec édulcorant peut induire un risque d’accouchement prématuré selon une étude prospective portant sur 59 334 femmes danoises enceintes. Le risque d’accouchement prématuré existe pour une consommation d’au moins une boisson gazeuse light par jour. Un tel résultat n’est pas observé avec les boissons sucrées précise le RES.
A la suite de la parution de cette étude dans The American Journal of Clinical Nutrition en septembre 2010, l’agence sanitaire française a réagi le 11 janvier 2011 et communiqué sur la question le 14 mars 2011. « Les résultats de l’étude montrent une relation dose-effet statistiquement significative entre la consommation de boissons gazeuses édulcorées et la fréquence des accouchements prématurés. Cette relation provient essentiellement des accouchements prématurés provoqués ».
L’accouchement prématuré (avant la 37 e semaine d’aménorrhée) est une des complications majeures des grossesses et est la principale cause de morbidité périnatale et de mortalité rappelle le RES. Dans l’étude, la prématurité induite l’a donc été pour des raisons médicales, ce qui signait la gravité de la situation. Même si cette étude a, comme toute étude épidémiologique, ses limites, sa portée est importante soulignent les signataires.
40 mg d’aspartame / kg ?
Il est judicieux que l’ANSES soit en train de mettre en place un groupe de travail sur cette thématique affirme le RES, tout en regrettant que ses recommandations ne seront rendues que dans un an. Conseillant d’ores-et-déjà aux femmes enceintes d’éviter de consommer régulièrement des édulcorants, les professionnels de santé attendent également que les agences française (ANSES) et européenne (EFSA) publient les études ayant permis de fixer la dose journalière admissible d’aspartame fixée à 40 mg/kg de poids corporel, certaines d’entre elles n’ayant jamais été publiées dans des revues scientifiques, souligne le RES.
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