Prévue dans le programme d’Angela Merkel puis reportée, décidée déjà par le gouvernement Schröder puis oubliée, la sortie du nucléaire a finalement été scellée définitivement hier en Allemagne. Les trois partis de la coalition gouvernementale viennent de l’annoncer au sortir d’une réunion tardive hier soir.
Après bien des atermoiements, la catastrophe de Fukushima Daiichi a finalement eu raison de l’énergie atomique outre-Rhin. L’Allemagne a décidé officiellement hier de fermer toutes ses centrales nucléaires d’ici 2022, répondant ainsi à la pression de l’opinion publique allemande, depuis longtemps plutôt hostile à cette énergie.
La CDU d’Angela Merkel, mais aussi la CSU, son allié bavarois, et les libéraux du FDP ont décidé solennellement de faire sortir l’Allemagne du nucléaire. Concrètement, le parc nucléaire allemand sera progressivement démantelé. D’ici 2022, plus aucune centrale allemande ne produira d’électricité.
Entre 16… et 40 milliards
Dans le même temps, Berlin a par ailleurs annoncé vendredi la fermeture définitive des 7 plus vieux réacteurs du pays, qui avaient été provisoirement mis à l’arrêt, après l’accident nucléaire japonais. Construits avant 1980, ces 7 réacteurs représentent 40% de la capacité de production du parc nucléaire allemand. Globalement, la fermeture totale des 17 réacteurs d’ici à 10 ans représenterait un coût compris entre 16 et 40 milliards d’euros.
Représentant 22% de la production d’électricité du pays, l’énergie nucléaire va donc devoir être rapidement remplacée. Pour les plus optimistes, les énergies renouvelables viendront composer la fermeture de ces centrales. Déjà très actifs dans l’éolien et le solaire, l’Allemagne devra accélérer ses investissements déjà importants dans ce domaine, mais aussi dans le démantèlement, qui représentera un surcoût majeur.
Pour les plus pessimistes ou réalistes, c’est selon, l’Allemagne va devoir importer massivement son électricité, notamment issue des centrales nucléaires françaises, mais aussi continuer de polluer la planète avec ses centrales à charbon ou dépendre de ses centrales à gaz. Ce qui est sûr, c’est que cette annonce accroît la pression sur l’industrie nucléaire mondiale, et notamment française, qui fait face à une défiance particulièrement depuis Fukushima Daiichi.
Stratégie nucléaire française inchangée
Après la Suisse, c’est désormais l’Allemagne qui annonce sa sortie définitive de l’énergie atomique. Cette décision allemande est très exactement à l’opposé de la position officielle française affichée récemment par le Président de la République. Quelques jours seulement après la catastrophe nipponne, Nicolas Sarkozy a réaffirmé sa confiance dans l’énergie nucléaire et le savoir-faire de l’industrie française, confirmant la stratégie énergétique nationale.
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