Confrontée à une inquiétante défiance de l’opinion publique depuis l’accident de Fukushima Daiichi, la filière nucléaire, hier encore secteur d’avenir et prometteur, traverse une forte période de turbulence. Le cabinet de conseil PwC publie aujourd’hui une étude très opportune, qui entend prouver l’importance de l’énergie atomique en France en termes, énergétique, économique et social.
Commandée fin 2010 par Areva, l’étude de PricewaterhouseCoopers s’est intéressé au poids économique et social de l’énergie nucléaire en France. L’atome civil représenterait globalement 410 000 emplois et jusqu’à plus de 33 milliards d’euros de valeur ajoutée cumulée, des chiffres destinés à peser de tout leur poids dans les débats actuels sur l’avenir de nucléaire dans l’hexagone.
A l’initiative d’Areva, PricewaterhouseCoopers a mené une étude très approfondie sur l’électronucléaire en France. Cette étude, la première du genre précise le cabinet de conseil international, souligne le « poids très important de ce secteur dans l’économie nationale » tant en termes d’emplois totaux (410 000 emplois directs, indirects et induits) que de valeur ajoutée totale (2 % du PIB).
Avec 78% de son électricité d’origine nucléaire aujourd’hui, la France a fait un choix technologique structurant pour son économie rappelle l’étude. Le pays s’est également doté d’un secteur électronucléaire qui est leader à l’échelle mondiale. Dans le contexte actuel où le défi de la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre est devenu central, les activités de production électrique renouvelables sont l’objet de nombreuses études visant à chiffrer leurs impacts socio-économiques (nombre d’emplois, création de valeur). Aucune analyse aussi complète n’avait été présentée à ce jour pour l’électronucléaire.
410.000 emplois directs et indirects
PwC a évalué les impacts socio-économiques de l’électronucléaire en France en 2009. L’étude fine des entreprises parmi les fournisseurs des grands maîtres d’?uvre de l’électronucléaire a permis d’identifier plus de 450 entreprises françaises qui ont développé une spécialisation dans l’électronucléaire. Le secteur a été décomposé en quatre maillons de la chaîne de valeur, l’Amont, la Construction, l’Exploitation & Maintenance et l’Aval, regroupant le retraitement et le démantèlement. Les plus grandes entreprises spécialisées travaillent dans l’ensemble des maillons.
Le cabinet conseil rappelle que le CEA, l’ANDRA et l’IRSN assurent des rôles centraux dans la R&D, la gestion des déchets et la radioprotection, l’ASN contrôle et régule les activités nucléaires sur le territoire. Les emplois dédiés correspondants sont intégrés dans le périmètre de l’étude.
Selon l’étude, l’industrie électronucléaire emploie directement 125 000 personnes en France. La répartition de ces emplois entre les différents maillons de la chaîne de valeur est relativement homogène : chacun des maillons emploie directement au moins 20 000 personnes. Ils se répartissent également dans toutes les régions de France.
Ces 125 000 emplois directs représentent presque 4% de l’emploi industriel total en France. « Le poids social de l’électronucléaire est équivalent à celui de la construction et de la maintenance aéronautique » précise Philippe Girault, associé PwC, responsable du secteur de l’énergie, en France. La prise en compte des effets indirects et induits conduit à estimer à 410 000 le nombre d’emplois totaux dépendants de l’industrie électronucléaire en 2009, soit près de 2% des emplois en France.
33,5 milliards d’euros
La valeur ajoutée cumulée des entreprises spécialisées dans le nucléaire et des établissements publics dédiés s’établit à 12,3 milliards d’euros (Md?) en 2009, soit à 0,71% du PIB. La valeur ajoutée totale du secteur (directe, indirecte et induite) s’élève à 33,5 Md?, ce qui représente 2% du PIB. L’étude comprend également une analyse des impacts socio-économiques en France d’un EPR. Les résultats varient suivant que l’EPR est construit en France ou à l’export.
Pendant la phase de construction, 2 700 emplois directs sont créés, puis 500 emplois directs pendant la phase d’exploitation et de démantèlement du réacteur. Ces emplois directs ainsi que les emplois indirects associés génèrent également des emplois induits en France. 8 350 emplois directs, indirects et induits sont ainsi générés en France pendant la phase d’études et de construction et 1 650 emplois sont ensuite générés en France pendant les 80 années suivantes correspondant à la période d’exploitation puis de démantèlement.
Un EPR construit en France génère une valeur ajoutée moyenne de près de 660 m? pendant les 7 années d’étude et de construction précise PwC, dont environ 230 m? de valeur ajoutée directe annuelle par la filière électronucléaire. « Un EPR exploité en France génère une valeur ajoutée moyenne de près de 550 m? pendant les 60 années d’exploitation et la phase de démantèlement, dont environ 200 m? de valeur ajoutée directe chaque année pour la filière électronucléaire » explique Jeanne Lubek, économiste au département Valuation & Economics de PwC.
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