C’est un véritable tabou qui vient d’être brisé par Eric Besson. Le ministre de l’Energie a annoncé vendredi « « un exercice de prospective de diminution du nucléaire », qui devra réfléchir à tous les scénarios possibles y compris une « sortie totale du nucléaire », une hypothèse jusqu’à présent inimaginable pour l’Elysée comme pour le gouvernement, quelques jours seulement après que Nicolas Sarkozy ait une nouvelle fois qualifié cette éventualité d’irréaliste.
Dans une certaine indifférence, Eric Besson vient de casser un dogme qui pourrait bouleverser la stratégie énergétique française dans les prochaines années. L’élu de Donzère sur le canton de Pierrelatte, où est précisément implantée la centrale nucléaire du Tricastin, a osé vendredi évoquer « une sortie totale du nucléaire » à horizon 2050.
Quelques jours après la décision de l’Elysée de ne pas reconduire Anne Lauvergeon à la tête d’Areva, la grande prêtresse du nucléaire en France comme à l’international, le gouvernement vient d’entrouvrir la porte à une possible révolution énergétique. Fidèle depuis près de 40 ans à une stratégie énergétique qui semblait immuable, donnant la primauté au nucléaire avant tout autre énergie, la France s’autorise désormais à réfléchir à d’éventuelles alternatives.
Plus de trois mois après la catastrophe nucléaire de Fukushima Daiichi, la France semble vouloir prendre enfin la mesure de cet accident. Face à la défiance d’une opinion publique fortement secouée par cet accident, révélateur des failles de la sûreté de l’industrie nucléaire, le gouvernement semble vouloir prendre la mesure de cet évènement, quitte à revoir de manière radicale une stratégie qui semblait immuable.
Encore 74% de notre production d’électricité
En misant sur l’atome à l’après-guerre, la France n’a pas les choses à moitié, le nucléaire participant désormais pratiquement au 3/4 à notre production d’électricité. L’énergie nucléaire représente très précisément 74 % de la production française d’électricité, loin devant l’hydraulique, l’éolien et les autres énergies renouvelables participant seulement pour 12 % à cette production, quasiment au même niveau que le gaz ou le charbon (11 %).
En acceptant de réfléchir à tous les scénarios possibles en matière de production énergétique, Eric Besson admet la possibilité de débattre d’une alternative plus radicale que la stratégie définie par Nicolas Sarkozy. En attendant, l’ASN vient de donner son aval pour la reconduction pour 10 ans supplémentaires de l’exploitation de la centrale de Fessenheim, la plus vieille de France. Si le gouvernement s’autorise désormais à réfléchir à tous les alternatives, le nucléaire est encore loin d’avoir perdu la main dans l’hexagone.
Pour rappel, le gouvernement vise pour 2020 un doublement de la production des énergies renouvelables, pour porter sa part entre 23 et 29% dans la production nationale globale, ce qui baisserait d’autant le pourcentage du nucléaire.
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