Confrontées depuis plusieurs semaines au retour en masse des algues vertes, plusieurs plages des Côtes-d’Armor ont toutes les peines du monde à faire face à cette pollution, notamment dans la baie de Saint-Brieuc. La plage Saint-Maurice à Morieux est fermée depuis vendredi par arrêté municipal, suite à la présence de poches de gaz jugées dangereuses pour la santé.
Lancé l’année dernière par François Fillon et Nathalie Koscisucko-Moriset, le plan national de lutte contre la pollution aux algues vertes est encore loin d’être suffisant. Après la mort suspecte d’un cheval, mais aussi d’un salarié en charge du ramassage de ces algues, cette invasion verte qui pollue certaines plages du littoral breton semblait avoir enfin été prise en considération par le gouvernement français. Rien n’est moins sûr.
La relative accalmie de 2010 passée, la pollution aux algues vertes est malheureusement de retour et même en progression notamment dans la baie de Saint-Brieuc. Conséquence directe de la très forte concentration d’exploitations porcines en Bretagne, la pollution aux nitrates des eaux bretonnes a généré un développement exponentiel des algues vertes sur certaines plages, souillant le littoral, et le rendant même parfois dangereux pour les promeneurs.
Plage de Morieux interdite
Concrètement, la situation sur place est parfois difficile. Le maire de la petite commune de Morieux dans les Côtes-d’Armor a ainsi décidé d’interdire pour une durée indéterminée, l’accès à la plage de Saint-Maurice, à la suite de la détection de poches gazeuses potentiellement dangereuses pour la santé des riverains qui circuleraient sur ces algues échouées en putréfaction.
Si le littoral breton avait été relativement épargné par cette invasion verte en 2010, la saison 2011 s’annonce difficile. Grâce à un printemps plutôt chaud, les algues vertes ont proliféré sur certaines côtes bretonnes. Les volumes ramassés ont doublé en juin par rapport à l’an dernier, selon les chiffres de la préfecture de Bretagne. Au 30 juin, près de 25.000 m3 d’algues vertes avaient été ramassés en Bretagne (15.175 dans les Côtes-d’Armor, 9.792 dans le Finistère), contre 13.045 m3 l’an passé à la même date (11.947 pour les Côtes-d’Armor, 1.098 pour le Finistère).
Saisie en février 2010 dans le cadre du plan national de lutte contre les algues vertes, l’Agence nationale de sécurité sanitaire vient de publier un avis et un rapport d’expertise pour affiner les premières recommandations émises par l’Agence en juillet 2010. Point central de ces recommandations, le ramassage et le traitement des algues vertes doivent être effectués aussi précocement que possible pour en prévenir les risques.
Ramasser les algues en moins de 48h00
L’Anses rappelle l’importance des mesures préventives pour éviter la prolifération des algues vertes. Lorsque la présence des algues sur les plages ne peut être évitée, l’Anses souligne que le ramassage, le transport et la prise en charge des algues dans les centres de traitement doivent se faire le plus rapidement possible afin d’éviter que les algues ne se putréfient et ne dégagent, ainsi, des gaz toxiques. Les travaux menés conduisent ainsi à recommander un ramassage et une prise en charge des algues dans un délai ne dépassant pas les 48 heures après échouage.
L’Agence recommande de privilégier un ramassage mécanique et indique que le ramassage doit être réalisé dans des conditions limitant au maximum l’exposition du public. Le balisage des chantiers de ramassage est ainsi préconisé par l’Agence. Pour certaines zones d’échouage inaccessibles pour le ramassage et constituant de fait des zones à risques, l’Agence recommande qu’une information soit mise à disposition des usagers, des promeneurs et des riverains des plages.
Concernant les professionnels impliqués dans le processus de ramassage-transport-traitement des algues vertes, quel que soit leur statut, y compris les personnels saisonniers, l’Anses recommande notamment le port d’un détecteur individuel portatif de sulfure d’hydrogène. L’Agence préconise également que ces personnels reçoivent une information et une formation adaptées et que leurs expositions soient consignées dans leur dossier médical.
Un ensemble de prévention plus facile à dire qu’à faire.
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