Le chantier EPR de Flamanville n’en finit pas de prendre du retard au prix d’une facture de plus en plus salée. Prévue initialement en 2012, la nouvelle centrale ne devrait finalement produire ses premiers watts qu’en 2016 pour un prix qui a tout simplement doublé depuis 2007, au lancement des travaux.
« EDF commercialisera les premiers kWh produits par l’EPR de Flamanville en 2016 ». C’est dans ses termes que l’électricien français vient d’annoncer hier un nouveau retard de son méga chantier normand qu’il pilote en compagnie d’Areva et de Bouygues. Première centrale nucléaire intégrant en France le nouveau réacteur de dernière génération d’Areva, l’EPR de Flamanville n’en finit pas d’accumuler les retards au point de devenir une vitrine nationale bien peu attractive pour les clients potentiels d’Areva à l’international.
Au lancement du chantier en 2007, les travaux devaient durer 4 ans et coûter 3,3 milliards d’euros. Au final, ils devraient durer deux fois plus longtemps et coûter deux fois plus cher, avec une note estimée aujourd’hui à 6 milliards d’euros. EDF a annoncé hier avoir décidé de « mettre en place une nouvelle organisation sur l’EPR de Flamanville (Manche) pour faire face aux récents événements qui ont ralenti la conduite du chantier ».
3 ans de retard également à Penly
Désormais, les premiers kWh produits par l’EPR normand ne seront commercialisés par EDF au mieux qu’en 2016. L’électricien national explique ces retards par des « raisons tant structurelles que conjoncturelles ». EDF rappelle que Flamanville 3 est la première centrale nucléaire construite en France depuis 15 ans. C’est également le premier EPR souligne l’opérateur qui vise désormais pour son deuxième EPR à Penly une mise service non plus en 2017, mais en 2020.
Plus concrètement, en termes de maîtrise industrielle, EDF reconnaît avoir été contraint de « revoir son appréciation de l’ampleur des travaux à mener, notamment en matière de génie civil » (ferraillage, platine nettement supérieure à l’estimation initiale…). Alors que des étapes ont été franchies sur le chantier ces derniers mois (réalisation du génie civil à hauteur de 80 %, démarrage du montage des tuyauteries et des matériels électriques…), deux accidents graves, dont un qui a partiellement suspendu les travaux de génie civil pendant de nombreuses semaines, ont ralenti le chantier notamment au premier semestre 2011 précise le groupe d’Henri Proglio.
« Nous sommes confrontés à des exigences exceptionnelles sur ce grand chantier et nous avons dû reconstituer un tissu industriel adapté nous permettant de mener ce projet ambitieux. C’est ce qui nous conduit à instaurer dès aujourd’hui une nouvelle organisation du chantier » ont indiqué Hervé Machenaud, Directeur Exécutif Groupe en charge de la Production et de l’Ingénierie d’EDF et Philippe Bonnave, Directeur général délégué de Bouygues Construction. Se voulant optimiste, EDF affirme qu’il maîtrise désormais le calendrier et la facture de chantier hors norme.
Trop optimiste ?
Pourtant, au regard des problèmes accumulés au fil des années, de la complexité du chantier, des nouvelles contraintes techniques prévisibles liées à l’après-Fukushima, il est plus que probable que l’échéancier actuel puisse encore connaître quelques retards, au prix d’une facture encore plus salée. « La réussite de l’EPR Flamanville est un enjeu majeur pour le savoir-faire de l’industrie nucléaire. Nous allons continuer à travailler ensemble sur le retour d’expérience des premiers chantiers EPR afin d’en faire bénéficier les futures constructions dans le monde » soulignent Hervé Machenaud Directeur Exécutif Groupe en charge de la Production et de l’Ingénierie d’EDF et Claude Jaouen, Directeur des activités Réacteurs et Services d’Areva.
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