On a longtemps cru que les femmes étaient protégées des maladies cardio-vasculaires. Cette protection naturelle des hormones est aujourd’hui mise à mal par la dangereuse association du tabac et des pilules qui multiplie par 20 le risque de développer une maladie cardio-vasculaire.
Les maladies cardio-vasculaires sont devenues la première cause de décès chez les femmes. Le congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC) qui a clos ses travaux hier, à Paris, a révélé des chiffres inquiétants sur la hausse importante des décès chez les femmes, liés aux maladies cardio-vasculaires.
Aujourd’hui, les chiffres de l’ESC révèlent que 54 % des femmes meurent de maladies cardio-vasculaires, dont 22 % ont des causes coronariennes, et 12 % à 15 % sont dus à des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Pour les spécialistes de la question, cette situation s’explique par la conjonction de plusieurs phénomènes, dont la consommation excessive de tabac.
Responsable de dommages plus graves chez les femmes
Pour les médecins, au niveau artériel, « la cigarette est responsable de dommages plus graves chez les femmes que chez les hommes ». Cette constatation est confirmée par les résultats ressort de l’étude européenne IMPROVE, financée par l’Union européenne.
L’étude européenne indique que l’exposition au tabac pendant toute la vie est corrélée de manière significative avec l’épaisseur des parois artérielles (un indice de l’athérosclérose) chez les deux sexes. Toutefois, l’impact est plus que doublé chez les femmes que chez les hommes révèle les résultats d’IMPROVE.
De même, l’effet du nombre de cigarettes fumées par jour sur la progression de la maladie au fil du temps est plus que quintuplé chez les femmes que chez les hommes. Ces associations sont indépendantes des autres facteurs qui peuvent affecter l’athérosclérose, comme l’âge, la pression artérielle, taux de cholestérol, l’obésité et la classe sociale, précise les cardiologues de l’ESC.
Consommation en hausse chez les françaises
« Les raisons de l’effet plus important de la fumée de tabac sur les artères de femmes sont encore inconnues, mais elles pourraient provenir de l’interaction complexe entre la fumée, l’inflammation et l’athérosclérose », avance le Dr Elena Tremoli, professeur de pharmacologie à l’Université de Milan. Or, si la plupart des pays européens constatent une baisse importante des fumeurs chez les hommes, le pourcentage de fumeuses est restée à peu près constant au cours des trois dernières décennies en Europe, et a même augmenté en France et en Espagne.
« Nous savons tous que les femmes sont « naturellement » protégées contre les maladies cardio-vasculaires, en particulier avant la ménopause, mais cela a conduit à moins d’attention à l’égard de ces maladies chez les femmes. Les femmes elles-mêmes ont tendance à penser qu’elles sont moins sensibles au risque cardiovasculaire, favorisé par un régime riche en graisses saturées et par la fumée de tabac. Nos résultats indiquent que ce n’est pas vrai », conclut le professeur Tremoli.
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