Le travail, ce n’est pas que la santé, c’est aussi selon les métiers, un facteur de pathologies psychiques, respiratoires, cutanées et maladies ostéo-articulaires. Les derniers chiffres du Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (rnv3p) révèlent notamment l’émergence de cas de lymphomes et leucémies en milieu agricole, et de maladies neurodégénératives rares.
Depuis 2001, les 32 centres de consultation de pathologie professionnelle (CCPP) de France ont constitué un réseau d’experts médicaux, nommé Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (rnv3p), coordonné par l’Anses. Anonymes, les données de consultation sont regroupées dans une base commune, destinée à développer une activité de vigilance sur les principaux risques professionnels, de détecter les maladies professionnelles émergentes et de favoriser la prévention de ces pathologies.
Depuis plusieurs années, des services de santé au travail du régime général, de la MSA ou de la fonction publique, transmettent également leurs données au réseau. Ces deux approches complémentaires permettent de disposer de données de plus en plus précises sur les pathologies au travail en France et leur évolution, souligne le réseau.
Pathologies respiratoires en tête
Entre 2001 et 2009, le volet « centres de consultation de pathologies professionnelles » du réseau a enregistré 118 852 problèmes de santé au travail. Parmi ceux-ci, 47 768 pathologies considérées par les experts en lien possible, probable ou certain avec le travail ont été diagnostiquées. Entre 2003 et 2009, le volet « services de santé au travail » du rnv3p a, quant à lui, enregistré 3 622 pathologies en relation avec le travail grâce à la participation des médecins sentinelles de 7 services de santé au travail. Au total, plus de 200 000 consultations sont enregistrées dans la base du rnv3p et 15 000 nouvelles consultations viennent les compléter chaque année.
Au sein des CCPP, les pathologies en relation avec le travail les plus fréquemment signalées sont les pathologies respiratoires (24 %) et les troubles mentaux et du comportement – pathologies ou symptômes psychiques tels que dépression, anxiété – (22 %), viennent ensuite les pathologies cutanées (17 %), les maladies ostéo-articulaires (16 %), les tumeurs (7,6 %) et les pathologies de l’audition (5,6 %). Chez les hommes, les familles de pathologie les plus souvent rapportées sont les tumeurs, les maladies de l’oreille et les maladies respiratoires. Chez les femmes, il s’agit des pathologies ou symptômes psychiques, des pathologies cutanées et des troubles musculo-squelettiques (TMS).
Au sein des services de santé au travail, les TMS sont les pathologies en relation avec le travail les plus fréquemment rapportées par les médecins, aussi bien chez les hommes que chez les femmes (64 et 60 % respectivement). Elles sont suivies par les pathologies ou symptômes psychiques qui représentent 29 % de l’ensemble des pathologies chez les femmes et 15 % chez les hommes, précise le réseau.
Troubles musculo-squelettiques en augmentation
Depuis la création du rnv3p, les pathologies ou symptômes psychiques vus dans le réseau sont en constante augmentation chez les hommes comme chez les femmes souligne l’Anses. L’augmentation la plus importante est observée dans les secteurs de l’immobilier-location et des services aux entreprises, de l’administration publique, des activités financières, et des autres services collectifs et sociaux personnels. Viennent ensuite les secteurs de la santé et du commerce, ainsi que celui de la réparation automobile, enfin, cette augmentation est moindre dans le secteur industriel.
A partir de 2008, une augmentation des TMS observés dans le réseau est constatée dans l’ensemble des secteurs d’activité. Cette augmentation apparait de manière plus précoce dans certains secteurs : immobilier-location et services aux entreprises (2005), administration publique (2006) et industrie et secteur de la santé (2007) révèlent les chiffres du réseau.
Les méthodologies d’émergence appliquées dans le réseau permettent de détecter, par exemple, des relations entre des pathologies et des activités ou expositions particulières. Citons le cas des lymphomes et leucémies en milieu agricole, des maladies neurodégénératives rares et l’exposition à certains métaux. Ces données constituent des signalements qui donnent lieu par la suite à des investigations et recherches plus poussées pour évaluer le lien avec le travail.
Plus de problèmes de peau dans l’hôtellerie et la restauration
Le rnv3p a effectué des analyses statistiques afin de déterminer, dans les différents secteurs d’activité, si certaines pathologies entrainaient plus de consultations dans le réseau comparativement aux autres pathologies. Les chiffres du réseau indiquent plus de consultations pour des pathologies respiratoires dans les secteurs de l’industrie extractive, des services collectifs et des industries manufacturières.
Par ailleurs, il y a plus de consultations pour des pathologies dermatologiques dans les secteurs de la santé et de l’action sociale, de l’hôtellerie et de la restauration et de l’aide à la personne. Dans le même temps, il y a plus de consultations pour TMS dans les secteurs des services domestiques, de l’hôtellerie et de la restauration, des administrations publiques, de la construction, du transport et de la communication, des commerces et de la réparation d’automobile et de l’agriculture.
Il y a également plus de consultations pour pathologies ou symptômes psychiques dans les secteurs du tertiaire, notamment pour les activités financières, l’immobilier-location et service aux entreprises, le commerce et la réparation. Enfin, il y a plus de consultations pour pathologies de l’audition dans les secteurs de la construction et de l’administration publique.
Moins d’asthmes professionnels mais plus de dermatites
Pathologies complexes, les allergies professionnelles sont en augmentation depuis les dernières décennies, avec parfois des conséquences lourdes sur le plan socioprofessionnel pour les personnes atteintes. Cependant, le nombre de cas d’asthmes professionnels notifiés dans le réseau entre 2001 et 2009 diminue, notamment dans des secteurs traditionnellement touchés par ces pathologies comme les industries du caoutchouc et des plastiques, un résultat qui s’explique par les actions de prévention menées depuis plusieurs années.
En revanche, les dermatites de contact professionnelles sont, de façon générale, en augmentation. Les secteurs concernés sont l’hôtellerie et la restauration, l’administration publique et les services à la personne. Les expositions concernées sont celles aux résines époxy, parfums et thiazoles. Cependant, une diminution significative des dermatites de contact associées aux poussières inorganiques, aux détergents et aux produits d’origine végétale est observée dans le même temps, souligne le réseau.
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