Pour sa première sortie officielle, Luc Oursel a présenté la nouvelle stratégie d’Areva devant les députés. Se démarquant nettement de la politique menée par Anne Lauvergeon, le nouveau patron du groupe nucléaire français veut « remettre le client au centre de ses préoccupations » et redresser les comptes du groupe.
Après quelques mois plutôt discrets à la tête d’Areva, Luc Oursel a affirmé clairement sa différence hier, à l’Assemblée nationale. Le nouveau patron du nucléaire français a dressé un bilan très critique de la stratégie menée par Anne Lauvergeon et annoncé une gestion plus rigoureuse des finances du groupe français.
Auditionné par la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, Luc Oursel a affirmé qu’ « il faut que le client revienne au centre des préoccupations d’Areva », précisant qu’il veut « resserrer les liens avec le premier d’entre eux, EDF ». Amateur d’opéra, le président d’Areva a donné de la voix hier en soulignant que le groupe nucléaire a trop utilisé l’endettement pour financer ses investissements.
Un équilibre financier « plus raisonnable »
« Il faut trouver un équilibre plus raisonnable entre le développement des activités et notre capacité de financement » a affirmé Luc Oursel, contraint de faire face à un marché nucléaire mondial gelé par l’accident de Fukushima. A court terme, le patron français entend « lisser et décaler un certain nombre d’investissements » pour « limiter les risques » et redresser la situation financière du groupe.
Au chapitre des mauvaises nouvelles, le coût de l’EPR finlandais devrait encore s’alourdir pour Areva, passant de 5,7 à 6,6 milliards d’euros, selon le député Marc Goua. Traduction concrète l’effort financier annoncé par Luc Oursel, la politique d’acquisitions du groupe est terminée. Areva devrait ainsi rationnaliser ses acquisitions notamment dans le domaine des énergies renouvelables.
A l’inverse, Luc Oursel s’interroge sur l’opportunité de certaines cessions, faisant état de « réflexions sur le périmètre du groupe ». Dans cet esprit, Areva envisage de réduire ses activités en Allemagne, où il emploie 5 700 personnes. « Nous examinons tout, sans tabou. Nous regardons de quels services nos clients allemands auront encore besoin dans le futur » a affirmé Luc Oursel, précisant « ne rien pouvoir exclure pour le moment ».
Désengagement en Allemagne
S’agissant de l’activité Amont, la nouvelle filiale mines d’Areva pourrait inviter des « partenaires industriels » à son capital, tout en conservant « un fort contrôle » de cette filiale.
S’agissant du carnet de commandes, Luc Oursel s’est montré rassurant dans un entretien accordé mardi à l’agence Reuters. « Nous sommes très sollicités aujourd’hui dans beaucoup de pays en Europe, en Pologne, en République tchèque, en Grande-Bretagne ». Selon le patron d’Areva, outre les 4 réacteurs EPR en cours de construction, d’autres sont en projet en Chine et en Inde, en Grande-Bretagne.
Selon le député Marc Goua, le coût de l’EPR finlandais ne serait plus de 5,7 mais de 6,6 milliards d’euros, ce qui devrait occasionner une nouvelle provision.
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