Le traitement de la maladie d’Alzheimer ne présente un intérêt thérapeutique faible, vient d’affirmer aujourd’hui la Commission de la Transparence, en charge de l’évaluation des médicaments au sein de la Haute Autorité de Santé. Cette réévaluation fait l’objet d’un véritable coup de tonnerre dans la lutte contre une maladie devenue un enjeu de santé majeur en France, qui compte plus de 800 000 malades.
Il n’y a quasiment aucun intérêt pour les malades, à prendre les médicaments habituellement prescrits pour lutter contre la maladie d’Alzheimer, affirment les experts en charge de cette question à la HAS. Pour la Commission de la Transparence, Ebixa (Lundbeck), Aricept (Eisai), Exelon (Novartis Pharma et Reminyl (Janssen Cilag), 4 médicaments étudiés sensés lutter contre la maladie, ont « un intérêt thérapeutique faible ».
Cette Commission recommande de limiter leurs prescriptions à un an, renouvelable sous conditions strictes. Consciente du problème de santé publique majeur que représente cette maladie et la détresse de l’entourage des malades, la Haute Autorité de Santé rappelle que « la prise en charge de cette maladie ne doit pas se limiter à une prescription médicamenteuse mais doit être globale ». Elle publiera fin novembre la réactualisation de ses recommandations professionnelles.
Pas d’amélioration du service médical
La HAS rappelle que la maladie d’Alzheimer touche plus de 800 000 personnes en France. Priorité présidentielle, cette maladie bénéficie d’une mobilisation générale des acteurs afin d’améliorer la prise en charge de ces malades et de permettre à leur entourage de faire face. A la suite de nouvelles données scientifiques, la Commission de la Transparence de la Haute Autorité de Santé avait décidé de réévaluer les quatre médicaments de la maladie d’Alzheimer disponibles à l’heure actuelle.
Quatre médicaments ont été réévalués : Ebixa (Lundbeck), Aricept (Eisai), Exelon (Novartis Pharma et Reminyl (Janssen Cilag). Aucun des membres de la Commission de la Transparence qui a participé à la réévaluation ni aucun des quatre experts recrutés sur appel à candidature pour fournir un rapport d’expertise scientifique n’ont de lien d’intérêts avec l’une de ces firmes, précise la HAS.
Débutés le 20 juillet dernier, les débats se sont achevés le 19 octobre dernier, l’ensemble des débats et des votes ayant été filmé. Dans un souci de transparence, les enregistrements vidéo sont rendus publics aujourd’hui sur le site de la HAS.
Le rapport entre l’efficacité de ces médicaments et leurs effets indésirables est donc jugé « faible » par la Commission de la Transparence. La HAS évoque « des effets au mieux modestes », une efficacité versus placebo principalement établie sur la cognition à court terme et dont la pertinence clinique reste discutable. Cette réévaluation précise ne pas avoir noté de différence de tolérance et d’efficacité entre les 4 médicaments étudiés qui n’apportent pas d’amélioration du service médical rendu.
Risques d’effets indésirables
La Commission souligne par ailleurs « un risque de survenue d’effets indésirables » pouvant nécessiter l’arrêt du traitement (troubles digestifs, cardiovasculaires et neuropsychiatriques notamment), et « un risque accru d’interactions médicamenteuses » du fait de la polymédication habituelle chez les patients âgés.
Les traitements de la maladie d’Alzheimer sont prescrits au patient pour une durée d’un an. Au bout de six mois, la poursuite du traitement doit faire l’objet d’une réévaluation attentive du médecin prescripteur, souligne la HAS.
Au-delà d’un an de traitement, la Commission de la Transparence recommande que le renouvellement du traitement soit décidé en réunion de concertation pluridisciplinaire réunissant le patient si son état le permet, son aidant, le médecin traitant, le gériatre et le neurologue ou le psychiatre, afin d’assurer un suivi de qualité et personnalisé.
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