Capgemini a publié hier la 13e édition de son Observatoire Européen des Marchés de l’Energie (OEME). Selon l’étude annuelle du groupe de conseil, « malgré l’accident de Fukushima, le développement de l’énergie nucléaire va se poursuivre » et les prix de l’énergie continuer à augmenter.
Bonne nouvelle pour Areva, « en dépit de la réduction du recours à l’énergie nucléaire par certains gouvernements et du lancement par les autorités de régulation nucléaire de tests de résistance sur toutes les installations nucléaires existantes et futures », le nucléaire a encore de l’avenir. C’est en tout cas la conclusion de l’OEME publié hier, même si l’étude souligne que la réalisation de ces tests a engendré des délais pour la livraison de nouveaux projets.
Après l’accident nucléaire de Fukushima, les gouvernements des pays du monde entier ont décidé de lancer, de façon coordonnée, des inspections de sûreté dans toutes les installations nucléaires existantes et en projet. Si l’étude reconnaît qu’il est « trop tôt pour évaluer de façon précise » le nombre d’installations qui passeront avec succès ces « tests de résistance », il semble probable que la grande majorité des réacteurs sera autorisée à continuer de fonctionner anticipe l’étude.
Le nucléaire a encore de l’avenir
Depuis la catastrophe japonaise, plusieurs pays européens se sont prononcés en faveur d’une sortie possible ou définitive du nucléaire. Si l’Italie et la Suisse ont imposé un moratoire sur l’énergie nucléaire, l’Allemagne a tranché et décidé l’arrêt de ses 7 plus anciens réacteurs et de ne pas redémarrer le réacteur de Kruemmel. Le pays a aussi décidé de fermer progressivement ses 9 réacteurs restants (entre 2015 et 2022) précise l’étude.
Cependant, de nombreux pays ou régions comme la Chine, la Corée du Sud, la Russie, le Moyen-Orient, le Royaume-Uni, la France et la République tchèque ont réaffirmé leur engagement en faveur de l’énergie nucléaire, rappelle l’OEME. Ainsi, plus des trois quarts des 62 réacteurs actuellement en construction dans le monde sont situés en Asie (28 en Chine, 5 en Inde, 5 en Corée du Sud, 2 au Japon) et 10 en Russie.
Confrontés à d’importants besoins en énergie, ces pays devraient tous poursuivre leurs projets nucléaires, probablement à l’exception du Japon, prédit l’OEME. De plus, les Emirats Arabes Unis, d’autres pays du Moyen-Orient ainsi que des pays ayant déjà quelques centrales nucléaires ont déclaré vouloir poursuivre leurs programmes de construction de nouveaux réacteurs.
En conclusion, l’étude estime que « la grande majorité des réacteurs nucléaires programmés seront construits », mais seront sans doute livrés avec du retard par rapport au calendrier initial. Si la situation est parfois compliquée à court pour des groupes comme Areva, l’OEME considère que l’énergie nucléaire reste une réponse adaptée et crédible pour de nombreux pays.
Les prix de l’énergie vont augmenter
Mauvaise nouvelle pour les consommateurs, pour l’étude de Capgemini, les « prix de l’énergie devraient augmenter ». Au regard de la croissance de la consommation énergétique des pays en développement, de l’accident de Fukushima, ainsi que de la décroissance des investissements dans les infrastructures énergétiques, l’OEME craint « des conséquences négatives sur la sécurité d’approvisionnement et les émissions de gaz à effet de serre en Europe ». A long terme, les prix de l’énergie devraient augmenter anticipe l’étude.
« La continuité de la fourniture d’énergie pourrait être menacée » si les autorités de régulation de l’énergie et les gouvernements ne mettent pas en place certaines mesures pour inciter à réaliser, d’ici à 2020, les 1 100 milliards d’euros d’investissements nécessaires au sein de l’Union Européenne, affirme l’OEME. Cette menace pourrait cependant être à relativiser à court terme, si un nouveau ralentissement économique devait se produire, en diminuant la consommation d’électricité et de gaz.
Suite à l’arrêt de ses réacteurs, l’Allemagne a d’ores et déjà commencé à importer de l’électricité notamment française, « ce qui ne sera plus possible dans les années à venir » avance l’étude. A ce titre, l’OEME anticipe dès cet hiver, « une menace sur la continuité de la fourniture électrique » car les pointes de consommation augmentent d’année en année.
S’agissant du gaz, la dépendance des pays européens vis-à-vis des gazoducs russes devraient s’accroître. En 2010, l’étude rappelle que l’Europe a importé 113 milliards de mètres cubes de gaz par gazoduc depuis la Russie, soit 33% des importations totales de gaz.
Mix énergétique en faveur du gaz
En 2030, le gaz acheminé par les gazoducs de Gazprom devrait représenter 50% de l’approvisionnement total de gaz de l’Europe. L’étude pointe un risque de dépendance qui constitue une source d’inquiétude pour la sécurité d’approvisionnement, comme l’a souligné plusieurs rapports précédents.
Concernant les énergies renouvelables, l’accident de Fukushima devrait conduire à leur développement, même si, « grâce à leur coût de production moins élevé », les centrales au gaz devraient accroitre leur part du mix énergétique, analyse l’OEME. Dans ce domaine, l’étude propose aux pays européens de prendre exemple sur l’initiative britannique pour faire face aux besoins d’investissements dans ce secteur, estimés à 110 milliards de livres d’ici à 2020.
Pour Colette Lewiner, Directeur International du secteur Energie chez Capgemini « la croissance de la consommation énergétique conjuguée aux événements mondiaux de 2011 et aux faibles investissements crée un contexte européen de moindre sécurité d’approvisionnement énergétique, à court et long terme ». « La conjugaison de ces éléments pourrait entrainer une augmentation des émissions de gaz à effet de serre du fait d’une baisse de la production d’électricité nucléaire et conduire à la croissance des prix de l’énergie » avance la responsable de l’OEME.
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