Par Juliette Renaud, chargée de campagne sur la Responsabilité des acteurs financiers aux Amis de la Terre, qui publie avec Attac, un rapport sur la transparence jugée défaillante des banques encore peu concernées par la RSE. Selon l’étude des deux associations, la responsabilité sociale et environnnementale des banques est encore plus souvent une posture qu’une réalité concrète.
A la veille de l’ouverture du G20 à Cannes, et alors que la tourmente financière conduit les gouvernements à négocier de nouveau avec les banques sur les dettes souveraines et sur leurs besoins de recapitalisation, Attac et les Amis de la Terre publient aujourd’hui leur rapport : Les banques sous pression citoyenne : l’heure de rendre des comptes [1]. Cette étude fait suite à l’évaluation citoyenne lancée en avril par ces deux associations dans le cadre de leur campagne commune A nous les banques ! [2], et évalue le comportement des dix principaux groupes bancaires opérant en France dans cinq domaines d’impact de leur activité : la stabilité financière, leurs usagers-clients, leurs salariés, l’environnement et les populations locales, et la démocratie.
Attac et les Amis de la Terre lancent la publication de ce rapport aujourd’hui, dans le cadre du Forum des Peuples à Nice, organisé en marge du sommet du G20 de Cannes, et rassemblant des représentants de la société civile venus de divers lieux dans le monde pour montrer leur opposition aux politiques du G20 et défendre les alternatives portées par les mouvements citoyens.
Deux ans après avoir été sauvées par les pouvoirs publics, les banques françaises sont à nouveau en très grande difficulté, et Dexia vient même de faire faillite. Leurs dirigeants affirment que leurs difficultés actuelles proviennent non pas de spéculations hasardeuses mais de leurs placements civiques dans les obligations d’État, qui jusqu’à peu étaient unanimement considérés comme le type même de l’actif financier sans risque.
Alors, les banquiers, « responsables mais pas coupables » ? Voire. Il est temps que les citoyens mettent leur nez dans leurs affaires. L’exercice de notation citoyenne auquel Attac et les Amis de la Terre se livrent aujourd’hui montre que les discours officiels des banquiers et des ministres des Finances européens ne sont pas conformes à la réalité. « Alors que l’on envisage à nouveau de sortir les banques du gouffre, notre travail met en lumière le fait que les banques ne remplissent pas leur mission en faveur de l’intérêt général » souligne Thomas Coutrot, co-président d’Attac. Ainsi, le rapport révèle qu’elles prennent des risques inconsidérés en recherchant des profits excessifs. Elles malmènent leurs clients, surtout les plus pauvres, et leurs salariés, surtout ceux qui sont en contact avec la clientèle. Elles négligent les conséquences écologiques et sociales de leurs décisions. Elles ne prennent pas en compte le point de vue des acteurs sociaux mais uniquement celui de leurs actionnaires.
Juliette Renaud, chargée de campagne sur la Responsabilité des acteurs financiers aux Amis de la Terre commente : « Les banques veulent nous faire croire qu’elles ont pris le tournant de l’écologie et du social en faisant la publicité de leurs politiques de RSE. Mais la réalité sur le terrain est bien différente, les grandes banques financent toujours davantage de projets destructeurs, violant les droits des communautés locales et portant atteinte irréversiblement à l’environnement et au climat ».
Les Amis de la Terre et Attac ont ainsi établi un classement des banques selon leurs pratiques : nombre d’entre elles sont dans le rouge dans les cinq aspects étudiés, tandis que seule La Nef fait un sans faute dans trois domaines (spéculation et prises de risques, politiques commerciales, impact social et environnemental). Dans le classement général, elle est suivie du Crédit Coopératif, puis de la Banque Postale et Dexia, tandis que les plus grandes banques (Crédit Agricole, Société Générale, HSBC, BNP Paribas) se classent loin derrière. Les groupes mutualistes BPCE et Crédit Mutuel-CIC obtiennent un zéro pointé car ils n’ont même pas daigné répondre au questionnaire, malgré les relances de plusieurs clients et syndicats ces derniers mois.
Depuis 2008, le G20 et les gouvernements ont laissé les banques continuer à répondre aux seuls intérêts de court terme de leurs dirigeants et actionnaires, certains d’être sauvés si les choses tournaient encore mal. L’éventuelle nationalisation des banques, vue comme incontournable par certains, n’aura de sens que si elle implique une démocratisation durable et profonde des instances de direction des banques, où doivent être représentées l’ensemble des parties prenantes intéressées par les conséquences des pratiques des banques. Les Amis de la Terre et Attac invitent donc plus que jamais les citoyens et la société civile à se réapproprier ensemble le système bancaire : « A nous les banques ! ».
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