Solairedirect vient de lancer avec la Région Poitou-Charentes, un nouveau modèle économique pour la filière solaire. Avec ESTER, l’opérateur français de production d’électricité photovoltaïque mise sur un dispositif non subventionné tout à fait inédit en Europe.
Plombés par la baisse du prix de rachat de l’électricité solaire et de la réduction des subventions publiques, les professionnels de l’énergie solaire sont contraints de réinventer leur modèle économique désormais moribond en France. Solairedirect a peut-être écrit hier avec Electricité Solaire des Territoires (ESTER), la première ligne d’une nouvelle histoire de la filière.
L’entreprise présidée par Thierry Lepercq a officialisé hier la signature d’un contrat de gré à gré avec Sorégies, régie poitevine d’électricité. Initié avec la Région Poitou-Charentes, le dispositif prévoit une capacité de production d’énergie solaire de 120 mégawatts à des tarifs lissés sur 30 ans.
Un modèle gagnant-gagnant à 10 centimes le kw
La gageure du projet ESTER est de réussir à produire une électricité à seulement 10 centimes d’euro le kw avec des panneaux solaires produits en France, le tout sans subvention. Selon Solairedirect, un tel tarif est aujourd’hui possible grâce à la chute actuelle des prix mondiaux des composants, avec des coûts de fabrication qui ont fondu de 80% en seulement 3 ans, mais aussi par le lissage sur 30 et non 20 ans de cet investissement.
Si la régie accepte d’acheter l’électricité légèrement plus chère que le prix proposé par EDF, Sorégies se voit garantir en contrepartie un tarif modéré et plafonné dans le temps. Grâce à cette sécurité contractuelle, Solairedirect bénéficie d’une visibilité qui lui permet enfin de lancer localement à Châtellerault, son projet d’usine de production de modules photovoltaïques, gelée depuis de longs mois.
Le contrat se fonde sur un mécanisme de prix avec un niveau initial aux alentours de 108 euros/MWh, soit un tarif d’ores et déjà inférieur au prix payé par les particuliers en France pour leur électricité (120 euros/MWh) précise l’opérateur. La production des installations représentera la consommation d’électricité d’environ 50 000 personnes dans le département de la Vienne.
La décision du gouvernement, «un mal pour un bien »
« La filière photovoltaïque est au 36ème dessous mais la décision du gouvernement, c’est un mal pour un bien » affirmait au début du mois le patron offensif de Solairedirect dans La Nouvelle République. « Pour vendre de l’électricité solaire, il faut d’abord la produire et de manière compétitive » précisait Thierry Lepercq au quotidien régional, soulignant que la filière devait basculer « d’un monde où le solaire était une question d’environnement à une question d’énergie. »
Un modèle gagnant-gagnant qui pourrait bien être imité à l’avenir en France dans cette filière solaire sinistrée, et donner des idées aux opérateurs comme aux collectivités locales, intéressées elles par la création d’emplois dans les territoires.
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