En discussion actuellement à l’échelle européenne, la réintroduction des protéines animales transformées (PAT) dites farines animales dans l’alimentation des animaux d’élevage fait débat. Le Conseil National de l’Alimentation (CNA) vient de rendre un avis plutôt favorable à cette réintroduction sous certaines conditions.
Regroupant l’ensemble de la chaîne alimentaire, le Conseil National de l’Alimentation a adopté jeudi dernier en séance plénière, un avis sur une question ultra sensible. S’interrogeant sur la place des protéines animales transformées (PAT) dans l’alimentation des porcs, volailles et poissons, la soixantaine de membres du CNA ont considéré plutôt favorablement ces PAT au regard de leurs « avantages nutritionnels », ainsi que des « conséquences économiques et environnementales potentielles » liées à leur usage.
Destiné à éclairer les pouvoirs publics dans le cadre de négociations européennes en cours sur ce sujet, l’avis du CNA prend en compte les avis scientifiques publiés par l’Anses et l’EFSA, et intègre les dimensions socio-économique et sociétale de ce dossier souligne le conseil.
Exclusion des ruminants
Le CNA précise que la proposition initiale de la Commission européenne envisage une autorisation des Protéines Animales Transformées (PAT) de porcs, de volailles et de poissons, dans l’alimentation des porcs, des volailles et des poissons. Les PAT proviennent par définition d’animaux sains. Les porcs, volailles et poissons sont naturellement omnivores, voire carnivores rappelle le conseil.
Après le triste épisode de la vache folle, le CNA souligne qu’il est impératif de faire la différence entre les PAT issues de produits sains, et les « farines animales » (farines de viandes et d’os), qui incorporaient notamment des cadavres d’animaux, qui sont interdites depuis cette crise, pour tous les animaux dans l’Union européenne.
La proposition de la Commission européenne maintient l’interdiction de l’usage en alimentation animale des protéines issues de ruminants, de l’incorporation de PAT dans l’alimentation des ruminants, ainsi que du recyclage intra-espèce des PAT (communément appelé cannibalisme). Le CNA appuie ces interdictions.
Un oui sous conditions
Dans la droite ligne de Bruxelles, le CNA ne ferme pas la porte à une réintroduction de ces PAT sous certaines conditions. Ainsi, le conseil exprime « des réserves à toute autorisation nouvelle », tant que des méthodes d’analyses adaptées ne sont pas disponibles et que les filières de fabrication des aliments pour animaux ne garantissent pas des circuits liés aux PAT dédiés par espèce, sous contrôle étroit des pouvoirs publics.
Dans son avis, le CNA prend en compte l’intérêt éventuel de l’autorisation des PAT, compte-tenu de leurs avantages nutritionnels, ainsi que des conséquences économiques et environnementales potentielles liées à leur usage. Les distorsions économiques éventuelles entre les filières d’élevage françaises et européennes et celles des pays tiers, du fait des interdictions, doivent notamment être soulignées précise le conseil.
Conscient des réticences actuelles des consommateurs vis-à-vis de ces PAT, le CNA souligne que le dialogue avec les consommateurs sur la nature et l’usage des PAT est essentiel pour toute décision à prendre dans le futur, tout en rappelant que la situation actuelle en Europe, permet l’importation de produits de pays tiers issus d’animaux qui ne sont pas soumis aux mêmes exigences.
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