Marine Le Pen a créé la polémique ce week-end en annonçant que la viande distribuée en Ile-de-France était exclusivement de la viande halal, à partir d’animaux tués selon le rite musulman. Cette viande serait distribuée, à l’insu du consommateur, sans aucun étiquetage spécifique.
« L’ensemble de la viande qui est distribuée en Ile-de-France, à l’insu du consommateur, est exclusivement de la viande halal. Le fait que tout le monde soit obligé de se soumettre à une exigence alimentaire issue d’une religion, dont je persiste à dire qu’elle reste tout de même nouvelle, est quelque chose qui est profondément inadmissible et scandaleux. Cette situation est une véritable tromperie, le gouvernement est informé de cette situation depuis des mois« . C’est ce qu’a affirmé la candidate du Front national à l’élection présidentielle, ce week-end lors de sa convention présidentielle à Lille. Une affirmation qui a immédiatement des réactions en chaîne des politiques en passant par la filière agricole française.
Le ministre de l’Agriculture a immédiatement démenti ces propos, rappelant qu’en Ile-de-France, « la viande provient essentiellement du marché de Rungis, où arrivent des viandes qui proviennent d’un peu partout en France« , avant d’évoquer un récent décret soulignant que le rite halal ne pouvait avoir lieu « que sur commande, et non de manière mécanique ou systématique« .
« Des propos à visée politique«
De son côté, Dominique Langlois, représentant de l’intersyndical de la viande bovine, invité sur Europe 1 ce matin, a également souhaité démentir ces affirmations. « L’abattage rituel en France représente moins de 10% de l’abattage total. Je n’ai pas les chiffres précis, mais les quatre derniers abattoirs franciliens doivent représenter moins de 1% de l’abattage français. L’approvisionnement des boucheries et des grandes surfaces parisiennes se fait auprès d’opérateurs régionaux français ou auprès de Rungis, à partir de viande abattue dans les grands bassins de production française. Je ne fais pas de politique, je défends une filière de production, d’abattage et de distribution, mais ces propos se positionnent dans le cadre d’une campagne électorale, donc ils ont forcément une visée politique » confiait-il.
La confusion proviendrait alors que les trois principaux abattoirs d’Ile-de-France ne font effectivement que du halal. « 100% des abattoirs d’Ile de France font exclusivement de l’abattage rituel. Mais ça ne veut pas dire que 100% de la consommation de viande de la région est devenue 100% halal » explique Frédéric Freund, le directeur de l’Oeuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs au micro de RMC ce matin. Mais, » l’ultra-majorité de la viande consommée vient de toute la France, et dans la France entière on trouve encore de l’abattage traditionnel » ajoute-t-il.
Un étiquetage refusé par la France
Néanmoins, « le problème, c’est que ces viandes ne se retrouvent pas toutes dans les circuits de distribution réservés au halal. Du coup, le consommateur peut manger à son insu des viandes issues de l’abattage rituel musulman » ajoute Frédéric Freund. C’est la raison pour laquelle les professionnels demandent à la France d’adopter l’étiquetage sur les viandes vendues aux particuliers, décision votée par Bruxelles en avril 2011 mais toujours pas appliquée par la France par peur de stigmatiser les communautés.
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