A l’occasion du Forum mondial de l’Eau qui se déroule cette semaine à Marseille, le cabinet Deloitte et l’association Entreprises pour l’Environnement publient une étude baptisée « L’entreprise et l’eau : vers une gestion responsable ». Selon elle, les entreprises restent encore peu concernées par sa préservation, pourtant l’enjeu environnemental d’aujourd’hui et surtout de demain.
Tout en constatant une évolution positive en matière de reporting extra-financier sur les indicateurs de développement durable, l’étude de Deloitte – EpE révèle que la communication sur la gestion reste « limitée et difficilement exploitable ». Si la notion d’empreinte carbone est désormais connue et répandue dans les entreprises, la notion d’ « empreinte eau » reste encore balbutiante dans les sociétés même les plus importantes.
Identifier l’impact des activités d’une entreprise sur la ressource en eau, à travers ses prélèvements, sa consommation, ses process, ses rejets? est une démarche loin d’être généralisée. Pourtant, la gestion de cette ressource est un enjeu environnemental majeur, au niveau planétaire bien sûr où des régions entières enregistrent des stress hydriques très importants, mais aussi national où la pollution de l’eau douce est souvent problématique.
41% des entreprises concernées
Concrètement, seules 41% des entreprises étudiées sur 68 au total établissent un rapport sur les risques liés à leur usage de l’eau, physiques, réglementaires ou de réputation. Parmi elles, moins de 10% intègrent ces trois types de risques dans leur rapport, et 32% mentionnent au moins deux de ces risques.
En la matière, 64% des entreprises identifient les risques physiques, principalement liés aux installations en zone de stress hydrique, 54% d’entre elles mentionnent les risques réglementaires et de litiges, majoritairement liés aux rejets aqueux et aux pollutions accidentelles, et enfin 28% des entreprises prennent en compte les risques de réputation.
« Compte-tenu des pratiques actuelles en matière de gestion intégrale de cette ressource, les défis à relever et les efforts à fournir demeurent encore importants pour une majorité d’entreprises » reconnaît l’étude Deloitte ? EpE, qui formule plusieurs recommandations destinées à généraliser des pratiques encore peu répandues en matière de gestion durable de l’eau. Pour ce faire, l’étude préconise de développer la mesure et la valorisation de l’empreinte et de la contrainte eau via une cartographie des risques, le dialogue avec des parties prenantes choisies, sur le diagnostic, les plans d’action et les indicateurs de suivi, la définition des priorités et d’un plan d’action cohérent et enfin la mobilisation des opérationnels sur le long terme via la mise en place d’un pilotage de la performance eau.
Un « water footprint » encore insuffisant
Avec le changement climatique déjà engagé, des situations de sécheresse récurrentes dans des pays européens comme l’Espagne, une pollution de l’eau douce qui persiste, la ressource s’avère un enjeu déjà important aujourd’hui et certainement majeur à l’avenir. Si l’empreinte eau connue sous le terme anglais de « water footprint » est une mesure intéressante pour déterminer l’eau nécessaire à la production d’un produit, elle reste insuffisante et parcellaire soulignent les experts, ne prenant pas en compte par exemple l’extrême diversité des situations hydriques sur le plan local, entre une usine implantée dans certaines régions du Maghreb, et une production située en Poitou-Charentes.
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