Une circulaire du ministère de l’Agriculture publiée le 5 mars dernier introduit des exceptions à l’interdiction d’épandage aérien de pesticides. Selon le texte, des dérogations peuvent en effet être accordées à certains fongicides, herbicides et autres insecticides, une décision qui soulève une nouvelle fois la polémique au sein des associations de défense de l’environnement.
Une très discrète circulaire du ministère de l’Agriculture publiée le 5 mars dernier, introduit de nombreuses exceptions à l’interdiction d’épandage aérien de pesticides, en vigueur depuis la loi Grenelle II du 13 juillet 2010 en France. Selon le texte dont le Monde s’est procuré copie, et intitulé « Liste des produits phytopharmaceutiques autorisés ou en cours d’évaluation pour les traitements par aéronefs« , les directions régionales et départementales de l’agriculture, ou encore les services vétérinaires, pourront délivrer des dérogations pour plusieurs fongicides, insecticides et herbicides destinés à traiter le maïs, le riz, la vigne et les bananiers.
Jusqu’à présent, la loi prévoyait certaines dérogations, notamment face à une situation d’urgence, menaçant les plantes, les animaux, ou encore la santé humaine. Dans ce cas, ce mode d’intervention peut être autorisé « dans des conditions strictement définies par l’autorité administrative pour une durée limitée« . Avec cette circulaire du 5 mars, ce sont désormais sept pesticides qui seront « autorisés« . Ces derniers ont été préalablement évalués par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail, l’Anses. Six d’entre-eux sont pourtant officiellement classés « dangereux pour l’environnement » et « nocif » d’un point de vue toxicologique.
Les abeilles aux abris
La circulaire prévoit par ailleurs des « conditions de dérogation plus strictes et plus encadrées pour 2012« , précise le ministère de l’Agriculture à l’AFP. « On ne pourra plus utiliser tous les produits sur le marché mais seulement des produits évalués pour l’usage aérien par l’Anses ».
Bien évidemment, cette circulaire ne peut satisfaire les défenseurs de l’environnement qui n’y voit qu’un contournement des lois Grenelle. « On peut prendre tous les principes et dispositions générales qu’on veut dans une loi, mais si on les contourne tout de suite par un système dérogatoire, ça ne va pas du tout« , confie François Veillerette, porte-parole de l’association Générations Futures dans 20 minutes.fr. De son côté, Claudine Joly, de France Nature Environnement, s’inquiète des répercussions d’une telle mesure sur les abeilles et demande don que les apiculteurs soient « prévenus 24 heures avant l’épandage pour pouvoir mettre leurs ruches à l’abri« .
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