PCB : Chimirec devant la justice

Le groupe Chimirec, spécialisé dans le traitement des déchets industriels dangereux, comparait à partir d’aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Paris. Il est soupçonné de fraudes sur l’élimination d’huiles polluées aux PCB. Après cinq années d’une instruction, menée notamment par l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique,  le PDG, Jean Fixot et six des cadres du groupe devront  s’expliquer.

Le groupe Chimirec a donc rendez-vous avec la justice aujourd’hui. Le PDG, Jean Fixot et six cadres du groupe comparaissent en effet devant le tribunal correctionnel de Paris. Ils sont soupçonnés d’avoir éliminé « de façon irrégulière » des déchets par la dilution d’huiles polluées aux PCB dans trois des usines du groupe. Six des sept prévenus sont également poursuivis pour « faux et usages de faux ». On les soupçonnent d’avoir modifié ou falsifié des rapports d’activité, des registres et des bordereaux de suivi industriel, dans le but de masquer la réalité à leurs clients ainsi qu’à l’administration.

L’appât du gain

Les pratiques frauduleuses dont sont accusées les prévenus auraient été entièrement motivées par l’appât du gain, et dénoncées par d’anciens salariés du groupe. Plutôt que de traiter correctement les huiles polluées aux PCB, le groupe se contentait de les mélanger à d’autres huiles usagées afin d’en baisser le taux de PCB. Un responsable du laboratoire Aprochim, filiale de Chimirec, comparaissant aujourd’hui, aurait alors adressé un message à son directeur au sujet d’un marché portant sur 250 tonnes d’huiles polluées en provenance d’Espagne. Il aurait alors indiqué, « ou nous décontaminons et nous perdons 22.000 euros, ou nous faisons du transit vers Chimirec et nous gagnons 30.000 euros avec d’éventuels problèmes avec la justice« . Dans l’usine Aprochim de Grez-en-Bouère, site dédié au traitement des déchets contenant des PCB, ces pratiques frauduleuses auraient même débuté dès 1994.

L’Ademe, partie civile

Parmi les parties civiles au procès, on trouve des associations de défense de l’environnement, comme France Nature Environnement, ou Greenpeace, mais également l’Ademe, qui subventionnait la collecte d’huile. Cette dernière demande alors de remboursement du trop perçu par Chimirec, ainsi que 500.000 euros de dommages et intérêts. « Ce procès va être exemplaire : on va se pencher sur une pollution assumée, menée pendant plusieurs années et à grande échelle« , confie Me Benoist Busson, avocat de l’Ademe.

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