Selon un nouveau rapport publié mercredi par la Banque mondiale, le coût de traitement des déchets ménagers dans le monde devrait fortement augmenter d’ici 2025, au rythme de la hausse des volumes. C’est en Chine devenue le premier producteur de déchets au monde depuis 2004 que le volume de déchets augmente le plus vite.
Les experts de la Banque mondiale tirent la sonnette d’alarme. Si rien n’est fait dans les prochaines années, les villes des pays en développement pourraient se retrouver littéralement submergées par leurs déchets urbains. Proposant pour la première fois des données consolidées sur la production, la collecte, la composition et l’élimination des déchets solides urbains, par pays et par région, le rapport « A Global Review of Solid Waste Management » évoque « une crise imminente ».
De 1,3 à 2,2 milliards de tonnes par an
En une dizaine d’années, le volume mondial des déchets ménagers passera de 1,3 milliard de tonnes par an aujourd’hui à 2,2 milliards, l’essentiel de la hausse provenant des villes à forte croissance des pays en développement. Logiquement, le coût annuel de la gestion des déchets solides devrait atteindre 375 milliards de dollars, contre 205 milliards actuellement, avec une explosion de la facture dans les pays à faible revenu.
« Il est de plus en plus urgent d’améliorer la gestion des déchets solides, en particulier dans les villes en expansion rapide des pays à faible revenu », affirme Rachel Kyte, vice-présidente pour le développement durable à la Banque mondiale. « Les conclusions du rapport sont graves, mais elles laissent aussi espérer qu’une fois qu’ils auront pris conscience de l’ampleur du problème, les dirigeants locaux et nationaux, ainsi que la communauté internationale, se mobiliseront » espère la responsable de l’institution internationale.
Le rapport souligne que la gestion des déchets solides ménagers constitue « le plus important » des services municipaux. Dans les pays à faible revenu, la gestion des déchets représente souvent le plus gros poste budgétaire pour les collectivités, et ce secteur est l’un des employeurs les plus importants note les experts.
La Chine, premier pollueur dans le monde
Devenue le premier producteur de déchets au monde depuis 2004, le Chine enregistre comme dans d’autres pays asiatiques, d’Europe de l’Est ou du Moyen-Orient, l’augmentation la plus rapide de son volume de déchets. Le rapport constate une corrélation directe entre le niveau de revenu par habitant dans les villes et la quantité de déchets générée.
« On met au jour un problème relativement silencieux qui prend de l’ampleur chaque jour. Les problèmes liés aux déchets urbains solides vont être gigantesques, aussi importants, sinon plus, que ceux que nous connaissons actuellement en raison du changement climatique. Ce rapport doit être considéré comme un puissant signal d’alarme pour les décideurs dans le monde entier » affirme Dan Hoornweg, spécialiste principal du secteur urbain au sein du département Finance, économie et développement urbain de la Banque mondiale et co-auteur du rapport.
Résoudre ce problème de manière globale passera par « un plan intégré de gestion des déchets solides au niveau des villes » affirme la Banque mondiale. Ce plan doit impérativement s’appuyer sur une consultation et une participation de toutes les parties prenantes (groupements de citoyens et organismes au service des pauvres et des défavorisés), en prenant en compte les aspects de santé publique et de protection de l’environnement.
Comme éviter la crise qui menace ?
Le rapport énonce également des recommandations de politique publique visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dues à un traitement inefficient des déchets solides. Selon les estimations, les déchets de consommation représenteraient près de 5 % du total des émissions mondiales de GES, les décharges générant 12 % de la totalité des émissions mondiales de méthane.
Le rapport préconise de favoriser un certain nombre de pratiques que la plupart des villes pourrait mettre en ?uvre dans ce domaine : informer la population sur les possibilités de réduction des déchets, augmenter le recyclage et le compostage, instaurer des mécanismes de prix comme les taxes sur les produits par exemple, mettre en place des redevances d’utilisation liées à la quantité de déchets, ou encore définir des politiques d’achat et des prix préférentiels qui stimulent la demande de produits fabriqués à partir de déchets de consommation recyclés.
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