Le prix de l’électricité va exploser ces prochaines années affirme un rapport publié par la Commission d’enquête du Sénat. Selon les sénateurs, la facture des ménages français pourrait augmenter de 50% d’ici 2020, conséquence directe d’une énergie nucléaire de plus en plus chère et d’énergies renouvelables qui le sont encore plus.
Créée en février dernier à l’initiative du groupe écologiste, la Commission d’enquête du Sénat sur le coût réel de l’électricité vient de publier un rapport plutôt inquiétant sur l’évolution prévisible du prix de cette énergie consommée par tous les foyers français. Pour les auteurs du rapport sénatorial, la facture devrait exploser dans les prochaines années, pour progresser de 30% d’ici 2016 et même de 50% d’ici 2020.
De 874 euros à 1 307 euros hors taxes en 2020
En France, la facture d’électricité moyenne s’élève aujourd’hui à 874 euros hors taxes, rappellent les sénateurs. Elle pourrait atteindre 1 125 euros par an dès 2016, et même 1 307 euros hors taxes en 2020 estime le rapport publié hier par la commission d’enquête, présidée par le sénateur UMP Ladislas Poniatowski.
En cause, une sous-estimation chronique du coût réel de l’électricité, un choix politique plus ou moins assumé depuis plusieurs années. Dossier très sensible car impactant directement le pouvoir d’achat des ménages, le prix de l’électricité a enregistré une hausse limitée ces dernières années, pas en rapport avec son coût réel estiment les sénateurs.
Mais cette situation n’est pas tenable pour le rapport. Car dans le même temps, le coût du mégawattheure d’électricité a fortement augmenté et devrait continuer à le faire dans les prochaines années. Les sénateurs en sont certains, le prix de production de l’électricité sera à la hausse dans le futur ce qui rendra cette sous-estimation rapidement intenable.
La facture nucléaire « post-Fukushima »
En matière d’électricité, la Commission d’enquête rappelle que le nucléaire a permis à la France de « bénéficier d’un prix du mégawattheure parmi les plus faibles d’Europe » pendant de longues années. Mais désormais, ce parc nucléaire est confronté à de lourds programmes de maintenance et des travaux de sécurité « post-Fukushima », représentant des investissements considérables.
Selon le rapporteur écologiste Jean Desessard, les investissements en cours et à prévoir dans le nucléaire devraient faire grimper le coût du MWh à 54,20 euros. Une estimation bien supérieure au prix de l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH), qui est de 42 euros depuis le 1er janvier, et même de celle du rapport publié récemment par la Cour des comptes qui estimait ce prix à 49,50 euros par mégawattheure.
Et encore, ces estimations doivent jongler avec des « incertitudes » importantes, qui pourraient faire s’envoler encore un peu plus cette facture. Le rapport évoque entre autres l’évaluation difficile du coût réel du démantèlement des centrales, estimé à 1 500 milliards d’euros, celui des assurances ou encore des frais de recherche publique chiffré à 2 900 milliards d’euros.
Les énergies renouvelables, c’est propre mais c’est cher
A côté du nucléaire, la transition énergétique n’est non plus indolore. Car la politique volontariste en matière d’énergies renouvelables lancée en France depuis plusieurs années à un coût de moins en moins neutre. Dopé artificiellement par la revente de l’électricité produite à EDF, à des tarifs élevés, le développement de ces énergies vertes gonfle de plus en plus le coût de production de l’électricité.
Ce « développement rapide » s’est « payé au prix fort » affirme la Commission d’enquête du Sénat. Pour le rapport, seul l’éolien terrestre est parvenu aujourd’hui à « maturité », avec un prix de 82 euros le MWh, quand le solaire culmine toujours entre 229 à 371 euros. Et cet essor va se poursuivre, la France s’étant engagée à atteindre 27% d’électricité renouvelable en 2020, contre 13% l’an passé.
Et dans ce tableau plutôt sombre, les sénateurs n’oublient d’intégrer le coût en constante augmentation de la gestion et de la maintenance du réseau électrique, à la performance « dégradée » souligne le rapport. Le Réseau transport électrique (RTE) a été contraint de quasiment tripler ses investissements en l’espace de 10 ans, passant de 600 millions en 2002 à 1,38 milliards d’euros en 2011, quand ceux d’Electricité réseaux distribution France (ERDF) ont doublé entre 2005 et 2012, passant de 1,5 à 3 milliards d’euros.
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