Le gouvernement a précisé officiellement hier le montant de la baisse des prix des carburants en France pour les 3 prochains moins. Pierre Moscovici, ministre de l’Economie et des Finances a annoncé un effort partagé de 3 centimes pour l’Etat et de 3 centimes pour les pétroliers, une baisse légère applicable en principe dès aujourd’hui mais qui risque d’être quasi insensible.
Beaucoup de bruit pour rien. Si le gouvernement se réjouit d’avoir obtenu l’accord des groupes pétroliers et des distributeurs à la sortie d’une réunion organisée hier par Bercy, cette baisse « allant jusqu’à 6 centimes » sur le litre des carburants devrait passer inaperçue et reste encore imprécise.
Si en principe cette baisse doit être appliquée dès aujourd’hui dans les stations, beaucoup de professionnelles reconnaissent que cela ne sera pas le cas et surtout qu’elle ne sera pas automatique, certains distributeurs indépendants n’ayant pas la capacité de faire ce geste. Au-delà de ces questions de délai et d’automaticité, le ministère de l’Economie n’a pas encore précisé les modalités de cette baisse des taxes.
Modalités de cette baisse pour le diesel et le super ?
Car rien ne dit en effet que cette baisse de 3 centimes sera du même niveau pour le gasoil et l’essence. Or, on sait que le parc automobile français roule très majoritairement au diesel, le gasoil représentant 80% des ventes de carburants. Pour rappel, l’Etat taxe actuellement le gasoil à 47% alors qu’il prélève 55% du prix du SP 95.
Malgré les belles promesses du gouvernement qui va se priver d’une recette estimée à 300 millions d’euros, et les v?ux pieux de Total de jouer le jeu ou de Leclerc de vendre à prix coûtants, cette baisse pourrait finalement se traduire dans les stations par une hausse. Car sur les marchés pétroliers, la tendance reste haussière, la baisse de l’euro venant renchérir encore un peu plus un cours du baril de brut qui bat actuellement des records.
« Maigre » et « insuffisante »
Lucides, les automobilistes français l’ont d’ailleurs bien compris. Le tour de passe-passe laisse sur leur faim la plupart des associations de consommateurs. La Confédération nationale du logement (CNL) estime que cette annonce constitue une « maigre » victoire. La CLCV considère de son côté cette baisse « insuffisante ».
Pour l’Institut National de la Consommation, il faut prendre des mesures plus structurelles que cette « mesurette ». « Il faut restaurer les capacités de raffinages françaises, car le sous-investissement des compagnies en Europe entraîne une surchauffe sur les marges » affirme le CNAFAL (Conseil National des Associations Familiales Laïques).
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