La France comptera-t-elle 2 millions de voitures vertes sur ses routes en 2020, comme s’y est engagé l’Etat ? Rien n’est moins sûr à en croire l’étude des experts de Xerfi qui ne prévoit pas un décollage des véhicules électriques et hybrides avant la fin de la décennie.
Malgré un volontarisme affiché du précédent gouvernement comme du nouveau gouvernement Ayrault, le marché des véhicules électriques et hybrides devrait demeurer anecdotique pendant encore quelques années. C’est en tout cas la conclusion de Philippe Gattet et Thibaud Brejon de Lavergnée, auteurs d’une étude pour Xerfi, qui constate un retard à l’allumage pour les voitures propres en France.
Si un retard est à prévoir, il s’expliquerait par de nombreux freins à leur développement, qui devraient empêcher la France d’atteindre l’objectif ambitieux de l’Etat de faire circuler 2 millions de voitures « vertes » en France d’ici à 2020. Selon les projections de Xerfi, l’électrique devrait rester « une niche de marché » avec 1,5% des ventes totales de voitures particulières en 2020.
Prix élevé, autonomie limitée et infrastructures insuffisantes
Plus raisons sont avancées pour expliquer un marché de l’électrique qui devrait peiner à décoller : un prix élevé des véhicules, une autonomie limitée des batteries et des infrastructures insuffisantes en matière de bornes de recharge. Autant d’éléments qui devraient limiter « sans nul doute » l’essor de ce marché avance les experts. Aujourd’hui en première ligne, les constructeurs français comme Bolloré, Renault et PSA devront patienter et résister à l’offensive de leurs homologues étrangers comme Daimler, Volkswagen, ou Mitsubishi.
Côté hybride, le marché devrait progresser pour s’accélérer à partir de 2015. Les véhicules hydrides devrait représenter 4,5% des ventes totales en 2020, compte tenu de freins technologiques moins contraignants, du prix moins élevé des véhicules mais aussi de l’essor de l’offre d’un grand nombre de constructeurs, précise Xerfi. Sur ce marché, les Japonais, qui trustent aujourd’hui à eux seuls 95% du marché mondial, devront composer à une concurrence accrue des constructeurs allemands et français.
En la matière, le plan de soutien à l’automobile présenté en juillet 2012 par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg ne devrait pas changer grand-chose, selon les auteurs de l’étude qui le qualifient de « mal calibré ». « Les mesures ont beau faire la part belle aux voitures propres, elles s’avèrent néanmoins insuffisantes pour enclencher un véritable décollage du marché » affirme Xerfi.
Baisse prévisible des aides publiques
Selon l’étude, la hausse du bonus à l’achat d’un véhicule électrique (de 5 000 ? à 7 000 ?) et d’un véhicule hybride (de 2 000 ? à 4 000 ?) pourrait être remise en cause. Dans un contexte de menace de récession économique, « la dégradation à venir des finances publiques pourrait rapidement se traduire par une baisse des subventions de l’État » soulignent Philippe Gattet et Thibaud Brejon de Lavergnée.
Confronté à une conjoncture économique et financière difficile, l’Etat aura par ailleurs du mal à respecter son objectif « hypothétique » de 25% d’achat de véhicules électriques pour son parc automobile, au regard du prix sensiblement plus élevé de ce type de motorisation et des difficultés budgétaires des administrations publiques comme des collectivités locales. Enfin, l’impact du plan gouvernemental sur l’activité industrielle des constructeurs, de leurs équipementiers et sous-traitants dans l’Hexagone sera très certainement limité, affirme Xerfi.
« Le futur développement des motorisations électriques et hybrides suppose que les constructeurs automobiles relèvent plusieurs défis » avance l’étude. Il passera par un choix d’un modèle économique le plus adapté alors que « les constructeurs peinent encore à résoudre l’équation qui permettrait de rendre abordable les véhicules électriques et hybrides pour les particuliers tout en générant des marges suffisantes ».
Poids des producteurs de batteries
Enfin Xerfi évoque le recul du pouvoir de marché des constructeurs au profit des équipementiers et des fabricants de batteries. La place centrale de la batterie qui représente environ un tiers du prix d’un véhicule électrique, a notamment fait émerger de nouveaux acteurs à l’image du Français Bolloré ou du Chinois BYD souligne l’étude, qui précise que Renault a pour sa part choisi de sous-traiter la production de batteries au Coréen LG Chem.
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