La toxicité du chlordécone, ce pesticide utilisé durant de très nombreuses années aux Antilles françaises pour protéger les plantations de bananes, est connue. Mais une récente étude de l’Inserm révèle les impacts négatifs de l’exposition prénatale au produit sur le développement cognitif des nourrissons.
Interdit depuis 1993, le chlordécone a été massivement utilisé aux Antilles françaises afin de protéger les plantations de bananes du charançon du bananier. Reconnu aujourd’hui comme un perturbateur endocrinien, neurotoxique et classé cancérogène possible pour l’Homme par l’OMS, il est aujourd’hui le sujet d’une nouvelle étude de l’Inserm menée conjointement par Sylvaine Cordier et Luc Multigner.
Cette étude menée en collaboration avec des chercheurs québécois, belges ou encore américains, vise à mettre à jour les impacts d’une exposition au chlordécone sur le développement cognitif, visuel et moteur des très jeunes enfants des femmes guadeloupéennes. Car, même s’il a été interdit en 1993, les sols persistent à être pollués par le chlordécone et la population demeure ainsi exposée.
Les conséquences d’une exposition prénatale
Les chercheurs ont ainsi suivi durant plusieurs mois plus d’un millier de femmes et leur enfant, de leur grossesse aux 7 mois de l’enfant. Après avoir mesurer l’exposition prénatale au chlordécone, par l’intermédiaire de dosages sanguins dans le cordon, des test ont alors été réalisés sur les enfants. Et, « l’exposition prénatale au chlordécone a été retrouvé associée de manière significative avec une réduction du score de préférence visuelle pour la nouveauté ainsi qu’à un faible score au test de motricité fine« .
S’agissant de l’exposition post-natale, lorsque que celle-ci intervient lors de la consommation de denrées contaminées, on constate une réduction des scores aux test visuels mais « à la limite de la signification statistique« . Et, lors l’exposition postnatale est présumée via l’allaitement, « aucune modification du développement psychomoteur n’est constatée« .
« En conclusion, l’exposition prénatale au chlordécone ou postnatale via la consommation alimentaire est associée à l’âge de 7 mois à des effets négatifs sur le développement cognitif et moteur des nourrissons », résument alors les chercheurs dans leur communiqué.
A suivre
Au final, les chercheurs concluent que l’exposition des très jeunes enfants au chlordécone n’engendre toutefois pas de « troubles graves« , mais s’apparente aux particularités décrites chez les adultes exposés professionnellement à ce pesticides, à savoir, « un appauvrissement de la mémoire à court terme » et « la présence de tremblements« . Les enfants continueront néanmoins à être suivis jusqu’à l’âge de 7 ans afin d’établir si les anomalies constatées petits sont annonciatrices de troubles plus importants plus tard.
Commentaires récents